Intervention de Christophe Castaner

Réunion du mardi 8 octobre 2019 à 17h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur :

Mesdames, messieurs les députés, jeudi, chacun l'a en tête, un homme, adjoint administratif au service de renseignement de la préfecture de police, a acheté deux couteaux, est retourné à son bureau et a tué quatre de ses collègues, blessé gravement une cinquième avant d'être neutralisé avec sang-froid et héroïsme par un gardien de la paix stagiaire dont c'était le sixième jour d'affectation. Madame la présidente, je souhaiterais vous donner, si vous le permettez, des nouvelles de la collègue blessée, un député ayant affirmé tout à l'heure lors de la séance de questions au Gouvernement qu'elle était encore hospitalisée. Cette personne est désormais sortie de l'hôpital, elle est évidemment en convalescence mais elle va bien ; Laurent Nuñez et moi l'avons vue en fin de matinée.

Je souhaite pour commencer rappeler l'hommage qui a été rendu aux victimes par la Nation ce matin, et adresser nos pensées aux proches, aux agents de la préfecture de police et à ceux de notre système de police dans son ensemble. Celui-ci a été frappé au coeur, et son personnel est meurtri d'avoir perdu quatre collègues, qui plus est du fait d'un acte commis par l'un des leurs. Ce ne sont pas seulement quatre vies emportées : ce sont des familles brisées, des services dévastés. Et jeudi 3 octobre, c'est toute la famille de la police qui a été endeuillée. Je tiens aussi à saluer le courage du gardien de la paix stagiaire dont la carrière n'est qu'à son balbutiement, mais qui a déjà montré qu'il avait l'âme d'un grand policier.

Je veux également renouveler ma pleine confiance dans nos services de renseignement. Leur travail est exemplaire, courageux, difficile. Depuis octobre 2013, cinquante-neuf attentats ont été déjoués, trois depuis le début de cette année, et il ne se passe pas de semaine sans que Laurent Nuñez ou moi-même prenions connaissance d'interventions qui permettent d'éviter le pire. Il ne se passe pas de jour sans que nos services de renseignement interviennent pour empêcher la réalisation d'un risque. Et même s'il ne s'agit pas d'un attentat déjoué, je tiens à le souligner, car c'est la preuve de leur engagement et de leur investissement. Je le répète, en particulier à l'adresse de ceux qui nous écoutent : les Français peuvent compter sur nos services de renseignement, et nous pouvons être fiers de leur travail.

Madame la présidente, vous nous invitez à parler des services de renseignement et d'une enquête en cours, ce qui est un exercice difficile. Comme vous l'avez rappelé, nous étions auditionnés ce matin par la délégation parlementaire au renseignement, aujourd'hui présidée par le sénateur Christian Cambon, qui vous a succédé à ce poste. Parce que les membres de cette délégation sont habilités au secret de la défense nationale, nous pouvons tout dire devant eux. Le sujet qui nous occupe est en effet couvert à la fois par le secret défense en ce qu'il touche à l'organisation des services de renseignement et par le secret de l'instruction en raison de l'enquête en cours. Si Laurent Nuñez et moi-même avons à coeur de vous en dire le plus possible et de vous donner les clés susceptibles de vous permettre de comprendre les raisons de ce tragique échec, il nous est impossible de faire état devant vous d'informations classifiées, ou de vous faire part des détails de l'enquête. L'Assemblée nationale, et en son sein la commission des Lois sont, je le sais, attachées au respect du droit et des valeurs de la République ; Laurent Nuñez et moi-même le sommes également. Nous vous dirons donc tout ce que nous sommes en mesure de révéler publiquement afin de répondre à vos interrogations, qui sont aussi les nôtres : y a-t-il eu des signaux précurseurs ? Si oui, ont-ils été convenablement traités ? Que faisons-nous dès aujourd'hui pour que cela ne se reproduise pas ?

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