Mesdames, messieurs les députés, pour connaître la qualité des services de renseignement, je vous assure à mon tour qu'ils effectuent un travail exceptionnel et qu'ils montrent un attachement indéfectible à leur mission. Aujourd'hui, nous cherchons à comprendre, et des questions se posent qui sont légitimes. Un homme qui était habilité secret défense et qui, de surcroît, travaillait au sein d'un service de renseignement s'est radicalisé puis est passé à l'acte sans que sa radicalisation ait été signalée. Ce grave dysfonctionnement est sans précédent, et nous sommes bien déterminés à en comprendre les causes, afin que toutes les conséquences en soient tirées.
Il me paraît important de revenir sur les faits. Comme l'a rappelé le ministre de l'Intérieur, nous sommes contraints par le secret de la défense nationale et par le secret de l'instruction ; je m'en tiendrai donc à la communication du procureur national anti-terroriste.
Le jeudi 3 octobre dernier, un adjoint administratif qui était affecté depuis 2003 au service informatique de la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) a quitté la préfecture à 12 heures 18 pour se rendre dans un magasin de la rue Saint-Jacques où il a acheté deux couteaux, un couteau long et un couteau à huîtres. Cet individu, né le 18 septembre 1974, exerçait depuis son entrée à la préfecture de police de Paris en 2003 des fonctions inchangées au sein du service de maintenance informatique de la DRPP. Il souffrait d'un handicap : il était sourd depuis l'enfance. À 12 heures 36, après avoir acheté les couteaux, il est retourné à la préfecture, et c'est dix-sept minutes plus tard, à 12 heures 53, qu'il est passé à l'acte dans son propre bureau en s'en prenant à deux de ses collègues. L'enquête ne permet pas encore de décrire précisément le déroulement des événements, mais nous savons que ces deux premières victimes ont été tuées de plusieurs coups de couteau. Une extrême violence se serait déployée durant cette attaque, selon les termes du procureur national anti-terroriste. L'individu s'est ensuite rendu dans un bureau voisin où il a poignardé à plusieurs reprises l'adjoint administratif présent, qui a succombé à ses blessures. L'assaillant a ensuite tenté de pénétrer dans un autre bureau où se trouvaient trois fonctionnaires, mais celui-ci étant fermé, il a pris une autre direction. Il a emprunté l'escalier B, où il a poignardé une gardienne de la paix de la direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP) qui croisait son chemin et qui n'a malheureusement pas survécu. Il a poursuivi sa marche macabre jusqu'au rez-de-chaussée où il a blessé une cinquième personne, celle-là même dont parlait le ministre de l'Intérieur, une adjointe administrative qui travaille à la direction des ressources humaines de la préfecture de police de Paris. Dans la cour, un gardien de la paix alerté par d'autres fonctionnaires et qui se trouvait en faction non loin de l'entrée principale s'est rendu au-devant de l'assaillant, et après lui avoir intimé à plusieurs reprises de poser son arme sans succès, l'assaillant se mettant à courir vers lui, il a fait usage de son arme et l'a neutralisé. L'agression a duré seulement sept minutes.