Cinquante-neuf attentats déjoués, c'est important. D'exogène, la menace est devenue endogène et dans le cas qui nous occupe, hyper-endogène. Les faits sont exceptionnels – de mémoire, il me semble que jamais un fonctionnaire de police n'a commis d'attentat au sein même des services de police – et d'autant plus insupportables.
Comme nous tous, j'essaie de comprendre, sans accuser, comment nous avons pu en arriver là. Vous l'avez dit à plusieurs reprises, et le Président de la République l'a évoqué en appelant à la vigilance : une alerte doit déboucher sur un signalement ; ce signalement doit faire l'objet d'un traitement adapté. Pour autant, considérez-vous que le dialogue social interne aux structures de police et de gendarmerie soit suffisant pour permettre l'alerte initiale, qui porte surtout sur des éléments oraux, difficiles à déterminer ou à comprendre ? Un fonctionnaire de police disait : « dès lors que nous signalons un problème, c'est nous qui devenons le problème ». La culture interne à la police ou à la gendarmerie permet-elle aussi facilement de faire remonter les difficultés ressenties sur le terrain ?
Les dispositifs existants vous semblent-ils suffisants ? Les services de renseignement disposent-ils d'un référent « radicalisation » ? La cellule spéciale de l'IGPN joue-t-elle bien son rôle, quand on sait qu'elle se trouve en fin plutôt qu'en début de chaîne ? Comment les choses peuvent-elles être améliorées pour faciliter la parole, l'échange ?