Intervention de Jean-Louis Masson

Réunion du mardi 8 octobre 2019 à 17h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Masson :

Monsieur le ministre, deux éléments d'une exceptionnelle gravité – Éric Ciotti l'a dit – caractérisent cet attentat commis au nom de l'islam radical. D'une part, le terroriste meurtrier est un fonctionnaire de vos services de renseignement. D'autre part, les faits se sont produit dans le saint des saints : la préfecture de police de Paris. C'est une humiliation suprême pour l'État et peut-être pour vous, vous en conviendrez, monsieur le ministre – ce n'est pas être discourtois que de vous le dire. Au-delà de l'émotion, les responsables politiques que nous sommes avons le devoir de mesurer l'ampleur du drame et des échecs qui y ont conduit. Il ne s'agit pas de se focaliser uniquement sur les procédures ; c'est une politique dans son ensemble qui est en cause. Nous affrontons un défi de société. Il vous faut, monsieur le ministre, rentrer dans l'âme et dans la chair. Le temps des habiletés rhétoriques et, surtout, celui du déni est à jamais révolu : des Français meurent. Nous avons assez glosé sur les territoires perdus de la République. Ces terres perdues ne deviennent pas des terrains vagues ; elles se transforment en espaces conquis par les adversaires de la République, sur lesquelles ils font prospérer une contre-culture ennemie de nos valeurs, terreau fertile du passage à l'acte. Vos prédécesseurs immédiats ont vainement tenté de rompre avec l'angélisme de leur famille politique. Vous poursuivez malheureusement dans cette voie, en manifestant une forme d'impuissance et un manque de vigilance. Pour nos concitoyens musulmans, il y a pire ennemi que la stigmatisation : le déni et l'abandon. Notre réponse doit être politique, et non exclusivement policière ou judiciaire. Une société inclusive et tolérante ne se bâtira qu'au prix de l'intransigeance sur nos valeurs. Nous savons désormais qu'aucun renoncement, aucune lâcheté ne seront banals ou anodins : ils ne restent jamais sans conséquence.

Monsieur le ministre, que ferez-vous dès aujourd'hui face aux fonctionnaires radicalisés et aux fichés S, dont on a souvent parlé ? Que ferez-vous dans nos lieux publics, où la mixité n'est plus la bienvenue ? Que ferez-vous face à la constitution de listes communautaristes aux élections ? Que ferez-vous dans les services publics, lorsqu'un agent ne salue plus ses collègues féminines ?

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