Pour répondre à M. El Guerrab, je dirai que quand on identifie les éléments pouvant conduire à une radicalisation, on travaille sur un faisceau d'indices. Pris séparément, chacun de ces indices ne signifie pas qu'il y a radicalisation : c'est seulement lorsqu'on constate la présence simultanée de plusieurs indices qu'il est procédé à une vérification. Parmi les indices pris en compte peuvent figurer la conversion à une religion, ou encore le port de la barbe. En l'occurrence, je rappelle que l'auteur de l'attaque à la préfecture de police portait une barbe courte, et non une barbe caractéristique de la pratique des salafistes.
Plusieurs d'entre vous, parmi lesquels M. Dupont-Aignan, m'ont interrogé sur le nombre de lieux et de structures prosélytes – j'emploie volontairement cet adjectif, car chacun sait qu'il est difficile de définir ce qui peut être qualifié de salafiste, du moins au regard du droit administratif, qui encadre notre action. Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous avons fermé sept lieux depuis la loi SILT, et cinquante lieux se trouvent actuellement sous surveillance. Pour ce qui est de ce dernier point, nous effectuons des actions de contrôle auprès des salles de culte, ainsi que des clubs et associations – en portant une attention particulière aux conditions dans lesquelles des mineurs peuvent, le cas échéant, y être accueillis.
Dans le cadre des quartiers de reconquête républicaine, la question de la radicalisation se trouve également au coeur de notre réflexion, et j'insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas seulement d'une question sécuritaire. En matière de radicalisation, nous nous efforçons d'identifier tous les territoires connaissant des phénomènes de radicalisation, et de les « caler » avec les quartiers de reconquête républicaine – où l'effort accompli ne se résume pas à des moyens supplémentaires en nombre de policiers ou de gendarmes mobilisés, mais se retrouve dans une action transversale, effectuée sous l'autorité des procureurs et des préfets.
Je ne qualifie pas de salafistes tous les lieux placés sous surveillance, et je préfère ne pas en révéler la liste, car cela permet sans doute que 200 lieux s'imaginent être sous surveillance, mais je vous confirme que cinquante lieux font actuellement l'objet d'une veille active de nos services.
Enfin, monsieur Dupont-Aignan, je suis parfaitement à l'aise avec la qualification d'« islamiste », qui ne me pose aucun problème. Cette après-midi, j'ai qualifié l'auteur des faits de meurtrier, en ajoutant aussitôt qu'il appartiendrait au procureur national antiterroriste de préciser la qualification des faits. J'ai donc juste utilisé une figure de rhétorique par prudence, pour éviter que quelqu'un – M. Masson, par exemple – ne vienne me reprocher d'avoir qualifié les faits prématurément. Cela ne m'empêche pas de dire que l'islamisme, aujourd'hui, peut se traduire par des actes de terrorisme, et il ne s'agit pas d'engager un débat sémantique sur ces questions. Quant au Premier ministre, s'il n'a pas non plus utilisé le mot « salafisme », ce n'est pas par gêne ou par pudeur, mais simplement parce qu'il était logique qu'il reprenne l'expression de « terrorisme islamique » utilisée ce matin par le Président de la République lors de son hommage aux victimes.