Intervention de Bruno le Maire

Séance en hémicycle du lundi 14 octobre 2019 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Présentation

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

C'est une erreur économique car elle ajoute de la crise à la crise et des difficultés commerciales à celles qui existent déjà. Elle fait courir le risque d'une baisse de la croissance mondiale de 0,5 point en 2020. Personne n'a intérêt, sur le plan économique, à la multiplication des tarifs et des sanctions commerciales.

C'est une erreur politique car ces sanctions multiplieront les divergences entre les États-Unis et l'Europe, alors que nous avons besoin de plus de convergence pour régler les défis de notre siècle – défis technologiques et numérique, montée des inégalités au sein des pays industrialisés.

Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient ont aggravé la situation et les incertitudes européennes ne se sont pas dissipées, compte tenu notamment du risque d'un Brexit sans accord.

À ces difficultés, qui dessinent un horizon économique contrarié pour 2020, s'ajoute une nouvelle donne économique, sans précédent dans l'histoire des grandes nations développées : des taux d'intérêt bas, voire négatifs ; une inflation également très basse ; et un taux de croissance faible.

Les taux bas permettent au Gouvernement d'alléger la charge de la dette. Ils donnent aussi la possibilité aux particuliers et aux entreprises qui le peuvent, d'investir. Toutefois, je suis convaincu qu'il serait irresponsable de fonder notre politique économique sur ce seul outil.

Tout d'abord, parce que ces taux remonteront un jour ou l'autre, et les mêmes qui répètent « Endettez-vous ! » ne sauront pas nous expliquer comment financer la charge de la dette avec des taux plus élevés. Ensuite, parce que les taux bas affectent la rentabilité du secteur financier, des banques et des assurances, qui emploient 800 000 personnes en France aujourd'hui. Or le manque de profitabilité du secteur financier commence à poser des problèmes, y compris d'emploi, pour certaines entreprises françaises. Enfin, parce que les taux bas ne profitent pas à ceux qui n'ont pas les moyens d'investir, c'est-à-dire aux ménages les plus modestes, qui n'ont pas la possibilité de s'endetter.

Il est donc indispensable que la politique monétaire à l'origine des taux bas et négatifs soit complétée par une politique budgétaire offensive en matière d'investissements – tel est le message que nous adresserons à nos partenaires et amis allemands mercredi prochain lors du Conseil des ministres franco-allemand – mais aussi par le maintien de la politique de l'offre et par la poursuite de la transformation économique du pays, conformément aux orientations que j'annoncerai demain lors de la présentation des grandes lignes du pacte productif.

Face au ralentissement de la croissance, l'investissement est la seule réponse efficace. Tel est le sens des choix fiscaux du Gouvernement en faveur des entreprises.

Il y aura 1 milliard d'euros de baisse nette d'impôt sur les entreprises en 2020. Les allégements de charges, quels que soient les niveaux de salaire, seront par ailleurs maintenus dans leur intégralité. Comme nous l'avions inscrit dans le budget 2018, ils ont été renforcés le 1er octobre dernier : il n'y a plus aucune cotisation patronale au niveau du SMIC. Le taux des allégements généraux a diminué de 4 points pour les plus bas salaires, entre 1 et 1,6 SMIC.

J'ai suivi attentivement les débats, au sein de la majorité et de l'Assemblée, sur l'opportunité de revenir sur certains allégements de charges, au motif qu'ils ne seraient pas suffisamment efficaces et que d'autres pourraient être renforcés. Je crois sincèrement qu'une telle mesure enverrait un signal négatif aux entreprises, …

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