Vous ne pouvez pas faire comme si nous étions dans un monde éthéré et parfait, sans compatriotes nous demandant des modifications, sans crise économique mondiale, sans ralentissement du commerce, sans fléchissement de la croissance de la zone euro. Un budget tient compte des réalités politiques et économiques de la nation et de l'Europe.
Enfin, les débats au sein de l'Eurogroupe ne font nullement apparaître d'inquiétudes sur les finances publiques françaises. Depuis plusieurs mois, ils ne portent que sur une seule question : le ralentissement de la croissance dans la zone euro. Faisant écho à votre question, madame Rabault, que j'ai saluée car c'est la bonne selon moi, l'Eurogroupe s'interroge : les dix-neuf États membres de la zone euro, qui ont créé une monnaie commune, sont-ils condamnés à connaître une croissance tout juste supérieure à un point, synonyme de peu d'emplois, peu d'innovation et peu d'investissements dans les nouvelles technologies ? Telle est la vraie grande question. Très sincèrement, il me semble moins important de savoir si le déficit public s'établira à 2,1 ou à 2,2 % que de savoir si demain nous garantirons la prospérité et l'emploi à nos compatriotes. Les inquiétudes des dix-neuf États membres de la zone euro portent bien davantage sur notre capacité à restaurer de la prospérité pour les Européens que sur le point de savoir si les finances publiques françaises seront tenues. Elles le seront. Ce sérieux s'accompagnera de réformes structurelles qui rassurent manifestement nos collègues européens.