Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mercredi 16 octobre 2019 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Après l'article 16 (amendements appelés par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Une nouvelle mode, bien sinistre, s'est emparée des publicitaires : exposer les produits sur des écrans numériques. Ce phénomène montre l'absurdité de la société de consommation : elle ne détruit pas seulement la possibilité de notre existence par le gaspillage immense d'énergie ; elle détériore également nos vies.

S'agissant du gaspillage, pas besoin de démonstration. Alors que l'utilité de la publicité est elle-même sujette à caution, le fait de la numériser et de fournir de l'énergie pour la faire défiler devant les passants pressés est nécessairement une idée aussi bête que dangereuse pour quiconque s'intéresse à l'écologie.

Construire une société à partir des impératifs écologiques, c'est aussi, et même surtout, vivre mieux. Ces écrans qui sont partout présents à Paris et se répandent sur tout le territoire sont une agression massive – je pèse mes mots. Ils sollicitent l'attention permanente de nos concitoyens, alors qu'ils n'ont rien demandé.

Le capitalisme et la société de consommation ne détruisent pas seulement les sols, notre santé ou le vivant qui nous entoure. Les écrans numériques, comme d'autres mécanismes, nous crient d'acheter en permanence. Pour cette société hostile aux êtres humains, nous sommes des machines à acheter, prêtes à être stimulées par la publicité.

Je vais vous le dire en contenant la colère qui me saisit face à ce genre de délire de l'économie actuelle : être traités comme des cerveaux à vendre, ça suffit ! Nous sommes des êtres d'imagination, de contemplation, de rêve ; nous sommes des êtres de culture. Au lieu d'être interrompus dans notre réflexion par un panneau hideux et désagréable, mieux vaut regarder un passant, l'ami qui nous accompagne, le fleuve, les rares horizons que les grandes villes présentent parfois à notre vue, un bâtiment qui porte sur lui les années ou les traces du génie humain.

Bref, nous devons pouvoir poser sur le monde un regard contemplatif ; nous avons le droit de rêver, de vivre en harmonie avec ce qui nous entoure, de former nos projets au cours de promenades qui ne soient pas appesanties par le désagrément de publicités bien trop souvent dégradantes.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.