Soyons clairs : ici, nous demandons l'instauration d'une taxe ; mais l'objectif, c'est d'obtenir l'interdiction des écrans publicitaires.
Pourquoi ? À cause de la dépense d'énergie induite, évidemment : un écran publicitaire lumineux de deux mètres carrés consomme autant qu'un couple pendant un an ! Comment comprendre que l'on dise qu'il faut réduire la consommation d'énergie tout en continuant d'autoriser cette gabegie ?
Tout dépend, en outre, du modèle de société que l'on veut défendre. C'est d'une bataille de l'imaginaire qu'il s'agit. Il paraît que nous voyons chaque jour le logo d'environ cinq mille marques – à commencer par celle de mon stylo Bic ou de ma paire de chaussures… Cinq mille ! C'est évidemment une manière d'entraver notre imaginaire. Or le combat pour la société de demain, le combat écologique, est avant tout un combat de l'imaginaire.
Est-ce consommer toujours plus qui va faire notre bonheur ? Il s'agit de redéfinir le bonheur, la réussite. Est-ce que la réussite, c'est d'avoir une Rolex à 50 ans ? La publicité, par son hyperprésence, détermine la réponse à ces questions et dicte le modèle, selon ce que Thorstein Veblen, sociologue américain de la fin du XIXe siècle, appelle la rivalité ostentatoire, c'est-à-dire le désir de toujours s'élever – keep up with the Joneses, comme on dit en anglais, autrement dit « rester à la hauteur des Durand ».
C'est avec cela qu'il faut rompre : le bonheur ne doit plus être déterminé par l'achat de l'iPhone 7, 8, 9, 10, 11, mais par le principe « moins de biens, plus de liens ». Rompons avec l'idéal consumériste dont la publicité est porteuse en permanence.