Intervention de Michèle Victory

Réunion du mercredi 23 octobre 2019 à 15h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

La discussion du PLF 2020 est une nouvelle fois l'occasion d'échanger autour de l'école et de la réussite des élèves dans un service public de qualité, auquel mon groupe est particulièrement attaché, et dans lequel nous avons une grande confiance.

Pour atteindre cet objectif d'une école émancipatrice et formatrice, nous devons travailler sur les moyens donnés à l'éducation nationale et sur l'environnement, au quotidien, des élèves et des équipes éducatives des établissements scolaires.

Le budget que vous nous présentez à la hausse, d'un peu plus d'un milliard d'euros, comporte des points positifs que nous voulons souligner : la poursuite des dédoublements en CP et CE1 en REP+ ; la création de postes d'AESH, bien qu'elle soit encore en deçà des besoins ; le développement de classe ULIS ; la réforme de l'instruction obligatoire à 3 ans sur tout le territoire – une question sur laquelle nous avions beaucoup échangé et pour laquelle nous vous avions fait part d'un certain nombre d'inquiétudes qui sont toujours présentes.

Avec les réformes que vous avez engagées, souvent sans l'adhésion totale des personnels, le climat dans les établissements scolaires n'est toujours pas aussi serein qu'il le faudrait ; l'actualité nous en donne malheureusement des exemples chaque jour. Aussi, ce n'est pas une bataille de chiffres que nous souhaitons engager ici, mais un débat contradictoire sur les orientations, sur les solutions à apporter à des problématiques très concrètes qui se posent au quotidien dans le monde scolaire et sur les réponses qu'attendent personnels, parents d'élèves et élèves.

L'attention particulière donnée avec raison à l'éducation prioritaire ne doit en aucun cas masquer une autre réalité : 70 % des élèves en difficulté ne sont pas en REP ou en REP+. Aussi, il convient de considérer la nécessité de créer des postes supplémentaires afin de prendre en considération l'ensemble de cette problématique.

Nous nous opposons donc bien sûr à la suppression de postes d'enseignants dans le second degré et dans l'enseignement professionnel, dont vous dites, monsieur le ministre, qu'il est l'une de vos priorités, et qu'il doit absolument trouver ses lettres de noblesse et être réhabilité.

Nous entendons que la démographie scolaire est en baisse au collège et nous vous disons : chiche, profitons-en pour améliorer les conditions d'apprentissage qui ne sont pas toujours optimales en désengorgeant les classes, en augmentant le nombre de professionnels de santé – sujet sur lequel nombre de députés se sont penchés en commission des Finances –, et en renforçant la formation des enseignants, en particulier le volet de la formation continue, qui doit permettre à chacun d'entrevoir de nouvelles perspectives. Il y a dans ce secteur encore beaucoup à faire pour la formation des AESH.

Poursuivons le travail engagé par le précédent gouvernement contre le décrochage scolaire, en tenant compte des problématiques de phobie scolaire, du décrochage et des difficultés des 16-18 ans les plus fragiles. Investissons le terrain de l'orientation, afin de parvenir enfin à une orientation choisie pour une majorité de jeunes car, nous le savons, – les chiffres le montrent –, lorsqu'on parle de poursuite d'études, le compte n'y est pas du tout pour les familles en difficulté.

Donnons-nous comme projet numéro un de lutter contre le déterminisme social et géographique, en ne diminuant pas les crédits alloués aux fonds sociaux, à la vie lycéenne, à l'international et en augmentant les crédits alloués à l'éducation artistique et culturelle. Nous ne dirons jamais assez à quel point l'expression artistique est un moyen de remédier aux difficultés d'apprentissage. Utilisons enfin la richesse de l'enseignement agricole pour intégrer des jeunes passionnés par le monde vivant, et par l'écologie ; cela nécessite aussi de valoriser cette filière.

Mais surtout, prenons en considération les conditions d'exercice des personnels. Nous vous demandons une nouvelle fois, monsieur le ministre, d'une part, de réfléchir à notre proposition d'un plan de titularisation des contractuels – environ 40 % de contractuels travaillent dans l'éducation nationale dans des conditions d'instabilité qui ne peuvent contribuer à la stabilité des équipes, et donc à la réussite de nos élèves –, d'autre part, de proposer un véritable plan de revalorisation du salaire des enseignants.

Vous l'aurez compris, mon groupe attend encore de nouvelles propositions capables de rassurer entièrement la communauté scolaire.

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