Le budget du ministère de l'éducation et de la jeunesse passe de 51,68 milliards à 52,7 milliards d'euros.
Vous le savez, les promesses rendent les enfants joyeux, mais en se penchant sur cette augmentation, c'est la douche froide. En effet, sur ce milliard d'euros, environ la moitié est destinée à financer l'ancienneté des fonctionnaires et l'application du protocole PPCR.
Le doublement des primes REP+, qui ne concernent qu'un petit nombre de personnes, devrait coûter environ 100 millions d'euros. La prise en charge des AESH sur le budget de l'éducation nationale représentait déjà 200 millions d'euros en 2019. Enfin, nous pouvons estimer le coût du service national universel (SNU) à un peu moins de 100 millions d'euros. Le milliard est déjà presque dépensé. Cette augmentation n'est donc pas à la hauteur des exigences de justice sociale et territoriale qui s'expriment avec force partout en France ; une fois de plus, vous choisissez l'austérité.
Concernant le premier degré, il convient de rappeler que les hausses de 1,3 milliard d'euros en 2018 et de 0,9 milliard en 2019 n'ont pas suffi à assurer le dédoublement des classes de maternelle et de primaire annoncé en dépit de votre choix de redéployer des emplois du second vers le premier degré.
Le second degré, lui, est sacrifié. Les 440 suppressions d'emplois d'enseignants en 2020 portent à 6 290 les suppressions sur 2018, 2019 et 2020. Or nous estimons que les effectifs auront augmenté au cours de cette période de 99 300 élèves. Cette austérité pèse lourd sur les personnels et a des conséquences désastreuses sur les conditions d'étude.
Les effectifs des classes augmentent, les enseignants sont contraints d'accepter des heures supplémentaires, le recours à des contractuels est en hausse et, malgré vos tentatives de rafistolage, encore beaucoup trop de professeurs absents ne sont pas remplacés, ce qui a pour conséquence un nombre important de cours non assurés aux élèves.
La rentrée des AESH a, elle aussi, été chaotique. Des problèmes d'édition de contrats et de versement de salaires de plusieurs centaines de ces agents ont été relevés. De plus, nous constatons qu'il n'y a toujours aucune création de postes d'assistants sociaux, de psychologues, de médecins scolaires, d'infirmiers, de conseillers principaux d'éducation (CPE), d'assistants d'éducation et d'agents administratifs.
En outre, vous persistez à détruire le service public d'information et d'orientation de l'éducation nationale.
Enfin, sous prétexte qu'ils ne sont pas utilisés en totalité, les crédits alloués aux fonds sociaux des établissements sont divisés par deux, passant de 59 à 30 millions, alors qu'ils sont destinés aux familles en difficulté pour améliorer les conditions d'étude en prenant notamment en charge, souvent partiellement, les frais de cantine, le transport ou les voyages scolaires. Or bien souvent les familles des élèves concernés n'exercent pas ce droit, par manque d'information ou par pudeur. Bien que la pauvreté ne cesse d'augmenter, vous choisissez de diminuer drastiquement ces fonds alors qu'il conviendrait de développer une politique volontariste et juste, afin qu'ils soient totalement utilisés, voire augmentés si besoin.
Toutes ces mesures entraînent un mal-être grandissant chez les enseignants, le personnel pédagogique et les directeurs. Nombre d'entre eux sont démunis. L'impossibilité d'assurer correctement leur mission pousse certains au désespoir et parfois au suicide.
Les élèves, eux aussi, subissent de plein fouet votre politique d'austérité.
Vous enfoncez le clou avec la réforme du baccalauréat et l'instauration du contrôle continu, créant une inégalité des chances entre les élèves, détenteurs d'un diplôme qui n'aura désormais plus la même valeur selon l'établissement dans lequel il sera obtenu. Sortir du déterminisme social est désormais un véritable exploit. Vous développez une philosophie de l'éducation compétitive et libérale, avec en ligne de mire l'employabilité, uniquement. À l'inverse, nous défendons une école républicaine, lieu de l'égalité et de l'émancipation, où chacun se prépare pleinement à l'exercice de sa citoyenneté, mais nous aurons l'occasion d'en reparler en séance.