Je n'ai aucun doute sur la volonté du Gouvernement d'accompagner les buralistes pour qu'ils préservent leur pouvoir d'achat, sur sa volonté d'obtenir une harmonisation européenne et de lutter contre le trafic aux frontières. C'est de l'accompagnement des fumeurs eux-mêmes que je souhaiterais parler. Le prix du tabac est une motivation importante : pour avoir accompagné des centaines et des centaines de fumeurs, je sais que c'est souvent l'un des motifs de leur consultation. Mais il faut prendre en compte cette autre dimension importante du problème qu'est la dépendance. Il existe évidemment une dépendance physique, mais elle est beaucoup moins forte que celle que provoque l'alcool : cela n'a rien à voir.
Il faut avoir à l'esprit que la dépendance est essentiellement psychologique, lorsqu'on accompagne un fumeur vers le sevrage. Les patchs, c'est très bien et cela peut mettre en confiance, mais l'accompagnement psychologique est absolument essentiel. Vous ne mettrez pas un alcoolique dans un avion, mais vous pouvez y mettre un fumeur. L'alcoolique, au bout d'une heure ou deux, va avoir des syndromes de sevrage, tandis que le tabagique va se conditionner. Que le voyage dure deux heures ou dix heures, c'est au cours de la dernière demi-heure qu'il va commencer à gamberger en se disant qu'il va bientôt pouvoir fumer.
La dépendance, même lorsqu'on fume un paquet par jour, est essentiellement psychologique. Il importe donc de prévoir des mesures d'accompagnement d'ordre psychologique et comportemental pour lutter contre les réflexes du type : « Je fume parce que je m'ennuie », « Je fume parce que je me détends », « Je fume parce que c'est la pause », « Je fume parce que je partage un moment de convivialité ». C'est là dessus qu'il faut le plus travailler.