Monsieur le Premier ministre, l'État doit être aux côtés des musulmans de France. Il doit être intraitable avec ceux qui veulent empêcher l'exercice d'un culte lorsque celui-ci se pratique dans la tolérance vis-à-vis des autres cultes. L'État doit protéger, dénoncer et réparer les souffrances infligées à nos compatriotes musulmans qui intègrent leur foi et leurs pratiques dans le strict respect des lois de la République.
Nous sommes tous horrifiés par l'attaque de la mosquée de Bayonne, triste illustration de la manière dont les haines se rejoignent et finissent par se confondre : la haine des musulmans et celle que professent des intégristes qui considèrent qu'il existe de mauvais musulmans. Toutes deux ont le même but : affaiblir l'idée qu'il existe un islam compatible avec la République.
Cet affaiblissement est le résultat de l'angélisme et de l'aveuglement. Depuis deux ans et demi, vous ne voulez pas nommer les choses. Pour certains sur vos bancs, nommer les choses, c'est attiser les peurs, les haines, les violences ; dire les problèmes, c'est déjà être coupable. Mais c'est quand on ne nomme pas les choses que l'on est coupable !
En restant muets pendant tout ce temps, vous n'avez pas aidé les musulmans. Vous ne les protégez pas contre les intégristes qui leur expliquent chaque jour qu'ils ne sont pas de bons musulmans lorsqu'ils se conforment aux lois de la République. Vous ne les protégez pas en continuant de financer des associations qui affirment que les musulmans de France sont les victimes d'un néocolonialisme et d'une oppression d'État. Vous ne les protégez pas non plus en laissant des individus qui se targuent d'être leurs porte-parole composer des listes ouvertement communautarisées aux élections municipales.