Nous avions vaincu militairement et territorialement Daech. Ses djihadistes étaient emprisonnés. Les communautés du Nord-Est syrien pouvaient commencer à construire un avenir pour le territoire que l'histoire leur avait laissé en partage. Près de cent ans après les traités de Sèvres puis de Lausanne, nous pouvions espérer que cette région du monde, au prix d'immenses efforts qui restaient à accomplir, s'affranchisse enfin des tensions entre communautés et des conflits entre territoires qui avaient mis à mal ses populations et avaient régulièrement déstabilisé le monde.
Un nouveau revirement unilatéral des États-Unis, dont les dirigeants turcs ont immédiatement profité pour lancer une agression militaire, a au contraire provoqué un nouveau hoquet de l'histoire, annihilant, une fois encore, l'espoir d'échapper à sa fatalité.
Il nous revient ici d'exprimer une condamnation immédiate et sans réserve, mais aussi d'assumer les conséquences à en tirer pour que soient défendus la vision, les positions et les intérêts de la France sur son territoire, où elle ne peut prendre le risque de voir arriver de nouveaux terroristes ; dans cette région du monde, où la loi du plus fort ne doit pas redevenir la règle cruelle et stérile ; dans un monde où les autres puissances ne veulent plus agir qu'en fonction de leurs intérêts égoïstes ou régionaux.
Tel est le message de la France, tel est le message que doit porter l'Europe. Ce drame terrible doit nous rendre la lucidité.
Il n'est pas tolérable que nos valeurs fondamentales soient foulées au pied, que les droits humains soient bafoués, que nos alliés des Forces démocratiques syriennes voient les armes se retourner contre eux, que les populations soient déplacées, provoquant une nouvelle catastrophe humanitaire qui s'apparente à un nettoyage ethnique.
Il est insupportable que la France, qui défend une vision originale de cette région du monde…