Comme l'a expliqué Alain David, la tendance consistait jusqu'à présent à favoriser des prêts en direction des pays émergents. Les premiers bénéficiaires de l'aide française sont le Maroc, la Turquie, le Brésil, la Colombie, certainement pas les dix-neuf pays considérés comme prioritaires. Une façon de compenser cette tendance aurait été d'augmenter les dons et l'aide bilatérale, comme cela a été fait dans la loi de finances pour 2019. Je regrette que cela n'ait pas été prévu pour l'exercice 2020.
La part de l'aide multilatérale est très importante, sans doute pour des raisons légitimes, mais cela va à l'encontre de la logique que nous nous étions fixée. Je crains de voir encore la part de l'aide bilatérale diminuer et qu'un certain nombre de créances soient abandonnées, puisque nous allons vers des crises de la dette très conséquentes, notamment dans des pays où la France a des engagements importants, comme le Soudan. La dépense de l'aide publique au développement augmentera, mais sa nature ne sera pas celle initialement envisagée – don, aide bilatérale, majoritairement en direction de l'Afrique et des dix-neuf pays prioritaires.
Notre rôle est d'alerter le Gouvernement afin que ces objectifs, auxquels nous avons tous adhéré, soient respectés. Le projet de loi de programmation de l'aide publique au développement doit être examiné rapidement, quand nous pouvons encore faire évoluer les choses. L'adopter à la fin du mandat serait vain, voire ridicule, et reviendrait à constater le passé.