Intervention de Stéphane Peu

Réunion du jeudi 24 octobre 2019 à 14h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Peu :

J'aurai peut-être l'occasion, lors du débat dans l'hémicycle, de revenir un peu plus longuement sur l'appréciation que porte le groupe GDR sur la politique de l'asile et de l'immigration.

C'est sans doute l'une des politiques où les actes de la présidence Macron sont les plus éloignés des promesses du candidat Macron, lequel avait tout de même, comme ministre du gouvernement de Manuel Valls, pris ses distances avec son premier ministre, en soutenant plutôt la politique suivie à l'époque par Angela Merkel à l'égard des réfugiés. En ce qui concerne la continuité de la politique actuelle avec la politique de Manuel Valls, qui lui-même se situait dans la continuité de celle de Nicolas Sarkozy, notre collègue Guillaume Larrivé n'a pas tort… Ces politiques s'inscrivent dans un calendrier et un débat politiques rythmés par les déclarations et les scores électoraux de Marine Le Pen.

Nous avons pour conviction que, tant qu'on n'oppose pas à ses propositions une autre politique, qui y soit une alternative et un contrepoint, on ira toujours crescendo. Il faut revenir aux valeurs de notre pays, qui ne sont pas des principes de laxisme, mais seulement des principes d'humanité. À défaut, les discours de fermeture perdureront, en plaçant finalement les gens devant le décalage qui existe entre lesdits discours et notre capacité à les mettre en oeuvre.

Il convient d'être vigilant sur trois points.

Premièrement, on augmente les moyens accordés aux instances de l'asile, mais nombreux sont ceux qui nous mettent en garde quant à la nécessité de bien respecter les droits de recours, qui ne sont pas forcément toujours compatibles avec un raccourcissement toujours plus grand des délais.

Deuxièmement, la question de l'hébergement se pose. J'ai entendu le Président de la République dire que les quartiers bourgeois ne vivent pas les « difficultés » de l'immigration ou des réfugiés. Certes. Mais le premier de nos devoirs est de ne pas laisser les associations et les ONG se débrouiller toutes seules avec les 3 000 réfugiés, qui sont à la porte de la Chapelle, à la porte d'Aubervilliers, à Saint-Denis, à Aubervilliers… Dans toute cette zone, qui recouvre les quartiers les plus populaires de la région capitale, le seul moyen de vérifier les paroles d'Emmanuel Macron est d'offrir des solutions d'hébergement à ces personnes et, si possible, en mettant à contribution l'ouest de la capitale et ses quartiers bourgeois. Il y a là un beau défi à relever.

Le week-end dernier, dans ma circonscription, il y a encore eu des affrontements entre riverains et migrants, donnant lieu à des batailles rangées mettant aux prises plusieurs centaines de personnes de part et d'autre. Les riverains, parfois demandeurs de logements HLM depuis quatre ans, peinent encore plus à attendre leur tour si on leur dit que le migrant qui occupe le square de leurs enfants en bas de chez eux va passer avant eux dans la file d'attente pour les logements HLM. Procéder de la sorte, c'est mettre le feu dans les quartiers populaires.

Il y a des mesures à prendre pour des politiques d'hébergement et de mise à l'abri. Seule la moitié des demandeurs d'asile de notre pays sont hébergés ; ce n'est absolument pas normal. Ce n'est pas conforme aux principes et à la politique qui sont les nôtres, du moins à la volonté affichée.

Le troisième point de vigilance, ce sont les centres de rétention. Par un courrier du mois de juin, vous avez été alerté par un certain nombre d'associations, dont la Cimade et Amnesty International, sur les conditions de vie dans les centres de rétention. Il est incompréhensible que notre pays continue de mener une politique de rétention incluant la privation de liberté d'enfants, comme c'est encore le cas, en région parisienne notamment, mais pas seulement. C'est absolument anormal !

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