Intervention de Philippe Michel-Kleisbauer

Séance en hémicycle du jeudi 31 octobre 2019 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Michel-Kleisbauer :

La mission dont nous examinons les crédits est essentielle, comme en témoignent ses domaines d'intervention : elle a pour objet non seulement l'organisation, les effectifs ou les services que la machine diplomatique peut rendre à nos concitoyens, mais aussi ses missions, toujours plus nombreuses et variées, et son influence dans le monde. Nous savons que, à ce titre, elle est soutenue par une grande ambition, celle de la projection de la France à l'extérieur de ses frontières.

Les métiers d'ambassadeur et de diplomate ont évolué très rapidement. Les exigences de ces fonctions sont aujourd'hui bien éloignées de l'image d'Épinal à laquelle on reste parfois attaché, même si celle-ci nous a livré par ailleurs de merveilleux écrivains.

Les réformes menées au sein du ministère depuis de nombreuses années se poursuivent cette année encore dans le cadre du programme « Action publique 2022 ». La rationalisation des moyens est un objectif louable et nécessaire que nous soutenons depuis le départ.

Nous nous interrogeons toutefois et souhaiterions que notre assemblée puisse mener une véritable réflexion sur la poursuite de la diminution du nombre de nos personnels et des effectifs de nos représentations diplomatiques. Ce sont ainsi 160 équivalents temps plein – ETP – qui ont été supprimés cette année et 81 qui le seront l'année prochaine, parmi un effectif total de 13 500 personnes, sur lesquelles repose toute la diplomatie française.

À l'heure où elle est appelée à soutenir l'ambition de notre pays, qui veut être un acteur central du futur cadre institutionnel international, et alors que les missions de notre diplomatie évoluent, nous devrons réinterroger nos priorités pour que notre présence physique ne soit pas affaiblie.

C'est d'autant plus vrai que, grâce aux réformes menées, nos personnels diplomatiques disposent plus que jamais des leviers d'action nécessaires à la mise en oeuvre de nos politiques. L'extension des pouvoirs des ambassadeurs en fait désormais de vrais chefs d'équipe disposant de capacités élargies dans de multiples domaines.

Les économies réalisées ont aussi permis de dégager des crédits pour mieux répondre aux besoins concrets de nos concitoyens à l'étranger, grâce à des dispositifs essentiels comme le vote par internet, la plateforme consulaire de réponse téléphonique et courriel mondiale, le projet France Visas ou encore la mise en place du registre d'état civil électronique.

L'autre volet de cette mission résulte en grande partie de ce que nous venons d'évoquer, puisqu'elle concerne la diplomatie d'influence. Le travail très précis du rapporteur pour avis Frédéric Petit sur les crédits est très précieux et nous apporte davantage de clarté sur les actions menées. À ce titre, je m'accorde parfaitement à ce que vous rappeliez, mon cher collègue : la mondialisation remet les actions éducatives, culturelles, économiques et environnementales au coeur de nos enjeux diplomatiques.

Il ne s'agit plus de savoir mieux que les autres et de projeter notre raison dans le monde, mais de construire des réponses partenariales à des défis et des menaces qui ne sont plus strictement nationaux. Cela me paraît être l'essence même du programme 185, qui vient soutenir le rayonnement culturel et l'enseignement du français à l'étranger.

Le Président de la République s'est engagé à donner des moyens à notre réseau d'établissements d'enseignement à l'étranger, afin qu'il atteigne l'objectif d'un doublement des élèves scolarisés en 2030. Il s'agit là d'une action essentielle pour l'avenir de la présence française à l'étranger alors que nous savons que la langue, à travers la pensée, traduit aussi une vision différente du monde.

Le groupe MODEM, au nom duquel je m'exprime, partage pleinement cette approche interculturelle des rapports entre États et entre peuples. Cela s'accompagne par ailleurs de nombreuses mesures destinées à attirer chercheurs, étudiants et élèves directement en France, au travers notamment de la stratégie gouvernementale « Bienvenue en France ».

Nos personnels diplomatiques sont pleinement investis dans toutes ces actions et travaillent à leur réussite. Il nous revient de les soutenir en votant les crédits qui nous sont présentés. Le groupe du Mouvement démocrate et apparentés s'y engage.

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