Loin d'une querelle de chiffres, il y va de la parole de la France et de notre volonté de combattre la misère dans le monde, à commencer par l'Afrique, et de défendre nos intérêts dans un contexte de montée des questions migratoires. L'annulation de la dette des pays pauvres est bien entendu cruciale, mais il faut s'interroger sur l'origine de ces surendettements et sur la légitimité d'inclure leur annulation dans nos politiques d'aide au développement.
L'aide directe et l'annulation de dettes sont en effet deux actions bien différentes. Il est incohérent que l'argent ayant vocation à venir en aide aux populations les plus vulnérables en développant des hôpitaux et des salles de classe ou en assurant l'accès à l'eau, serve aussi pour des annulations de dette. On le sait, beaucoup des dettes des pays les plus pauvres ne seront jamais recouvrées : il est donc cynique de comptabiliser ces remises de dettes comme de l'aide publique au développement, d'autant que nous avons une responsabilité dans le surendettement des États les plus pauvres et entretenons ce cercle vicieux depuis des années.