Monsieur le rapporteur, l'année 2018 n'a pas été une belle année pour le commerce extérieur français, puisque notre solde commercial s'est creusé à – 59 milliards d'euros, soit une baisse de 2 milliards d'euros par rapport à 2017. Certes, une embellie s'annonce pour 2019, avec un solde commercial qui passerait à 54 milliards d'euros en glissement annuel, mais cela ne doit pas pour autant nous laisser penser que tout va aller mieux dans le meilleur des mondes. Plus que jamais, nous devons rester vigilants et particulièrement actifs.
En effet, même si des politiques ont été mises en place pour inscrire le redressement de notre balance commerciale dans la durée, et nous nous en réjouissons, des signaux négatifs restent très prégnants autour de nous. Il en est ainsi du contexte international et européen incertain. Dans votre rapport, vous indiquez que de lourds sujets d'inquiétude sont nés de la dégradation de la conjoncture mondiale, notamment en raison d'enjeux commerciaux internationaux. Vous faites bien sûr allusion aux mesures protectionnistes prises par les États-Unis à l'encontre de nombreux pays, en particulier la Chine, ainsi qu'aux contre-mesures consécutives. Nous saluons la trêve qui a été récemment trouvée entre ces deux pays, mais nous ne sommes pas naïfs. Nous savons que ce n'est pas cela qui va apaiser le commerce international.
Si, pour le moment, notre pays semble ne pas véritablement subir les effets de cet affrontement commercial sino-américain, d'autres menaces pèsent sur l'économie française. Vous le dites également dans votre rapport, nous n'avons pas de visibilité sur les conséquences des taxes appliquées par les États-Unis depuis le 18 octobre sur nos vins, certains fromages et Airbus.
Parallèlement, le contexte européen incertain lié au Brexit plonge nos entreprises dans un brouillard économique qui ne leur permet pas d'entr'apercevoir l'avenir de nos relations commerciales avec le Royaume-Uni, qui nous fournit notre plus important excédent bilatéral. Il faut aussi se poser la question de l'avenir de certains secteurs d'activité, comme celui de la pêche française. Un Brexit sans accord priverait nos pêcheurs d'une grande partie de leurs ressources, dans la mesure où un peu plus d'un tiers des quantités débarquées dans nos criées proviennent des eaux anglaises.
Nous devons aussi nous interroger sur la dégradation de la compétitivité de la filière agricole française, point fort du commerce extérieur.
Notre groupe est plus que dubitatif, vous le savez, sur la politique française agricole au regard des accords internationaux comme l'accord économique et commercial global avec le Canada dit « CETA » ou celui avec le Mercosur.
Si nous sommes en faveur d'une ouverture au monde, nous estimons que celle-ci ne doit pas se faire sans protection. Il y a des enjeux environnementaux et sanitaires qu'il est impératif de respecter ; il y a des modèles qu'il faut pérenniser. C'est le cas de notre modèle agricole qui ne peut être sacrifié sur l'autel de la mondialisation et d'un libre-échange sans limite qui fait fi de nos valeurs. Notre groupe attend donc un positionnement plus clair et plus ferme de la France pour la promotion de notre modèle agricole et de nos normes sociales et environnementales en matière de développement durable dans les accords bilatéraux et multilatéraux.
Pour terminer, je rappellerai l'enjeu que représente pour notre pays l'appui sur le formidable maillage de nos PME et PMI. Ce tissu économique qui irrigue nos territoires est un atout que nous devons valoriser et accompagner à l'international. Cela est d'autant plus important que nos PME et PMI restent tournées vers le marché français et peinent à faire valoir leurs atouts à l'étranger. C'est quand elles connaissent des difficultés qu'elles commencent à se poser des questions et qu'elles n'ont pas les moyens d'y parvenir.
Le Gouvernement s'était attelé au chantier de l'accompagnement à l'international et les opérations préconisées par son opérateur Business France allaient dans le bon sens. Je pense en particulier au dispositif Team France Export et au guichet unique proposé dans chaque région. Malheureusement les moyens ne sont pas toujours à la hauteur des défis à relever. Ainsi Business France voit-il ses ressources tomber à 90 millions en 2020.
Mes chers collègues, nos entreprises attendent plus que des ambitions, elles attendent des actes qui doivent trouver leur traduction dans le budget. Pour toutes ces raisons, notre groupe, dans un premier temps, s'abstiendra sur ces crédits.