Vous ne m'avez toujours pas répondu sur la réhabilitation, madame la ministre, mais, vous connaissant et sachant combien vous respectez les parlementaires, je ne doute pas que cela viendra.
Vous avez vendu les bijoux de famille et il ne reste plus grand-chose. Les bijoux de famille sont importants non tant parce qu'il s'agit d'or, d'argent, des diamants que par le sentiment qu'ils donnent d'être propriétaire de quelque chose. Vous en avez tiré 45 millions pour cette année, mais combien en obtiendrez-vous à l'avenir ? Cela vous a permis d'augmenter artificiellement le financement du logement : tant mieux, ou tant pis ! Mais, je le répète, ce n'est pas seulement du matériel que vous vendez : c'est un esprit, une capacité d'ingénierie, de création.
Je n'ai jamais, en vingt ans de vie publique, entendu dire que la Martinique et la Guadeloupe ne consomment pas des crédits budgétaires parce qu'elles sont incapables de lancer des opérations ! Qu'est-ce que cela signifie ? Que nous sommes des incapables ? Je ne vous accuse pas d'être dans cet état d'esprit, mais ceux qui nous entendent pourraient en conclure que nous serions des tèbè, comme on dit en créole : des gens qui ne savent rien faire. Ce n'est pas le cas ! Nous serions capables d'agir si vous n'aviez pas recentralisé la politique du logement géré par les SIDOM, nous privant ainsi de notre capacité d'ingénierie locale. Or l'invention locale, l'imagination locale, c'est cela qui est important !
Vos 40 millions d'euros, employez-les à stimuler les collectivités locales, à travailler à nouveau à la mise à disposition du foncier, au désenclavement par les voiries et réseaux divers, à la reconfiguration des dispositifs d'accompagnement de la réhabilitation, si compliquée, des centres anciens, à la relance de la politique de lutte contre les logements insalubres. C'est ainsi que vous impulserez une dynamique de consommation active des crédits au niveau local, grâce à l'intelligence locale.