La vaccination n'est pas seulement un fait scientifique, c'est un fait de société. Elle implique à la fois les sciences biomédicales et les sciences sociales. C'est aussi un choix de société, car elle possède un double fondement : scientifique et politique. Mener une politique de vaccination, c'est faire appel à la solidarité face au danger – la ministre l'a très bien expliqué – , à une sorte de fusion des individus face à une menace qui n'est pas individuelle mais collective.
Le débat sur la vaccination a ceci de particulier qu'au-delà de la raison scientifique, il fait appel à la participation émotionnelle de chacun, qui explique les réactions des uns et des autres. Mais le danger, mes chers collègues, serait qu'une société guidée par l'émotion remette en question tout l'édifice de la vaccination.
Dans ce débat intéressant, il a été fait référence à l'éradication de la variole, sous l'effet des campagnes de vaccination mondiales. Or, il y a quarante ans, lorsque la variole a disparu de la surface du globe, les enquêtes d'opinion réalisées en France ont montré que l'arrêt de la vaccination contre cette maladie, conséquence de sa disparition, avait réduit la confiance globale de la population dans l'ensemble des vaccins proposés jusqu'alors.
La confiance est donc fragile. Mais elle est absolument indispensable, et personne ne prétend qu'il suffira d'obliger les parents à faire vacciner leurs enfants pour que nous ayons soudainement toutes et tous une confiance absolue dans la vaccination. La confiance se travaille ; il va falloir expliquer les choses.
Madame Brocard, vous répétez depuis des semaines – vous avez au moins le mérite de la constance – …