À mon tour de vous régaler. Nous sommes en train de discuter du plafonnement des indemnités prud'homales, ce qui peut entrer dans un calcul économique, comme vous l'ont expliqué mes collègues tout à l'heure. Admettons que je sois un chef d'entreprise cynique – pourquoi pas, puisque nous sommes tous ici des députés-employeurs ? Nous allons tous embaucher des salariés, et permettez-moi de vous faire remarquer que les dispositions que vous vous apprêtez à prendre par ordonnances nous offriront beaucoup de facilités pour réduire à l'esclavage nos futurs collaborateurs ! C'est d'ailleurs totalement contradictoire avec votre engagement de renforcer la protection des collaborateurs d'élus, en particulier parlementaires.
Avec le plafonnement de ces indemnités prud'homales, ce calcul avantage-coût, vous atteignez le comble du cynisme, alors qu'il conviendrait de laisser au juge le moyen de punir le délinquant à la hauteur de ce qui est dû.
Pour justifier cette mesure, vous invoquez l'instabilité permanente, qui serait la grande crainte des employeurs. Mais que faites-vous vous-mêmes, si ce n'est réformer à nouveau le code du travail alors qu'il l'a déjà été l'année dernière ? Et vous le faites de surcroît par la méthode des ordonnances, qui n'est pas la plus claire ni la plus stable ! Ce n'est qu'en septembre que nous apprendrons, peut-être, leur contenu. Nous avançons à tâtons, dans le flou et le brouillard le plus complet. Quelle instabilité ! Si j'étais employeur, je serais bien en peine de comprendre quoi que ce soit.