Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mercredi 13 novembre 2019 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2019 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Ce PLFR est l'illustration de tout ce qui ne va pas dans la politique de ce gouvernement – qui, il faut le dire, exacerbe les défauts de la Ve République. Une poignée de personnes semble décider de tout toute seule, et même l'Assemblée nationale est de plus en plus réduite à un outil de communication du Gouvernement. Comment expliquer autrement les délais ahurissants que l'on nous a imposés pour découvrir et étudier ce texte ? Comment expliquer que nous ayons dû déposer nos amendements avant même de pouvoir en discuter en commission ?

Non seulement le débat parlementaire n'est pas respecté, mais le Gouvernement voudrait même nous présenter ses PLFR comme de bonnes nouvelles démocratiques, sous prétexte qu'ils ne contiennent pas de nouvelles dispositions fiscales. C'est toujours la même chose : ce gouvernement fait le pire et veut le faire passer pour le meilleur.

C'est ce qu'il a fait, comme on le craignait, avec les mesures d'urgence de décembre. Censées répondre à la crise des gilets jaunes et à l'urgence sociale, ces mesures auraient pu être une bonne nouvelle pour nous tous. Or comme le montre ce PLFR, elles ont été financées en grande partie aux dépens d'autres dépenses publiques essentielles – et je ne parle pas de l'absence de compensation par l'État de leurs conséquences financières pour la sécurité sociale – , servant donc de justification à une réduction de près de 1 milliard d'euros des dépenses « pilotables ». Non seulement ces mesures « gilets jaunes » sont loin d'avoir résolu la crise sociale de notre pays mais, pire encore, elles servent aujourd'hui à justifier l'austérité : c'est un comble !

Dans ce même esprit de la communication permanente, le Gouvernement nous détaille bien dans ce PLFR les raisons expliquant chaque ouverture de crédit, mais se garde en revanche de faire de même pour les annulations, qui ne sont expliquées qu'en annexe. On peut aisément comprendre pourquoi : pour leur majeure partie, ces annulations de crédits sont injustifiables et insupportables ! Non seulement vous nous présentez chaque année une loi de finances inspirée par l'austérité, qui contribue chaque fois un peu plus à la destruction de nos services publics et ne prend en considération ni la crise sociale ni la crise climatique, mais nous devrions, en plus, accepter sans broncher de voir réduire à nouveau, au moment du PLFR, les crédits consacrés à des missions essentielles.

Le fait que ces crédits soient censés être puisés en grande partie dans la réserve de précaution n'est pas plus acceptable, car cette réserve a une autre fonction : elle est destinée à offrir une marge de manoeuvre en cas d'aléa exceptionnel et non pour servir de réserve face à l'austérité.

Ces annulations de crédit sont donc toutes plus incompréhensibles les unes que les autres. Ainsi, la mission « Outre-mer » se voit amputée de 176 millions d'euros sans que le ministre lui-même n'ait su le justifier.

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