J'ai préparé la présente audition en lisant un entretien que vous avez accordé à la revue Défense et sécurité internationale (DSI) et que j'ai trouvé très intéressant, portant sur l'enjeu de la souveraineté technologique. Vous commencez cet entretien en disant que le succès des grandes opérations d'armement au profit des forces armées repose sur une industrie de défense souveraine à l'échelle française et européenne. Vous le terminez avec l'exemple concret de recrutements que vous effectuerez pour répondre à ce défi que vous qualifiez de passionnant, avec en particulier plus de 60 ingénieurs militaires et près de 500 ingénieurs contractuels civils sur l'année 2019. Ces recrutements ont-ils bien été budgétisés ? S'agissant de la souveraineté, j'aurais trois questions à vous poser à partir des réponses que vous avez apportées lors de cet entretien.
Vous parlez de démarche capitalistique. Ne craignez-vous pas que le fait de faire appel à des sociétés privées sans maîtrise publique (Naval Group, par exemple) fasse de l'armée française un client comme un autre ? Nous avons l'exemple de la Marine nationale, qui doit attendre avant de recevoir des pétroliers ravitailleurs en raison d'une saturation de commandes du côté de Naval Group. Par ailleurs, je trouve très intéressantes toutes les démarches mises en oeuvre à destination des PME, notamment le fonds d'investissement Definvest doté de 50 millions. Quel est le niveau d'intervention de Bpifrance dans ces PME ? Cela garantit-il une certaine maîtrise et évite-t-il que les investissements effectués puissent partir à l'étranger pour profiter à d'autres ? Enfin, s'agissant de la coopération européenne que vous développez sous tous ses aspects, n'existe-t-il pas un risque de perte de souveraineté pour notre défense nationale ? Et pouvons-nous parler véritablement d'une autonomie opérationnelle et stratégique comme vous le faites, alors que l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) a l'oeil sur tous les choix qui sont faits ?