Madame la ministre, permettez-moi de vous suggérer la lecture d'un article du Monde intitulé : « Le "cancer" de l'assistanat : origine d'un préjugé ».
L'article 57 du PLFSS, qui vise à lutter contre la fraude sociale, est plus dangereux qu'il n'y paraît, car il stigmatise les pauvres et les fait passer pour les profiteurs du système.
Selon une enquête de l'Ipsos, 71 % des Français estiment que la lutte contre l'assistanat doit être une priorité. En effet, dans la France de 2017, un certain discours évoque l'assistanat avec des accents moraux au lieu d'analyser les mécanismes économiques et sociaux qui précipitent certains dans la pauvreté. Il emprunte le vocabulaire de l'opprobre et de l'infamie pour montrer du doigt les paresseux.
On a les bons pauvres et les mauvais pauvres. Les bons pauvres, on les connaît tous : ce sont les personnes âgées ou handicapées. Les mauvais pauvres, ce sont les chômeurs qui pourraient travailler s'ils s'en donnaient la peine ! Si les premiers ne sont évidemment pas responsables de leur mauvaise fortune, les seconds ne doivent, bien sûr, leur malheur qu'à eux-mêmes. Ce sont eux qui profitent indûment du RSA. Aujourd'hui, cette peur du profiteur semble plus vivante que jamais. Notre société compte 3,7 millions de chômeurs : la pauvreté n'a donc pas grand-chose à voir avec l'absence de courage ou la faiblesse de volonté.
Vous le savez comme nous, madame la ministre, la meilleure manière de lutter contre la fraude sociale, c'est de prévoir l'automaticité des droits sociaux.
Les vrais assistés ne sont pas ceux que l'on croit, et les citoyens les plus riches mobilisent une part importante des subsides de l'État.