Intervention de Véronique Cayla

Réunion du jeudi 26 octobre 2017 à 9h35
Commission des affaires européennes

Véronique Cayla, présidente du directoire d'ARTE France :

Pour ce qui est des audiences, quand ARTE a été créée, il y a 25 ans, il y avait déjà quarante chaînes gratuites en Allemagne, contre cinq en France. La pénétration de nos programmes a été très différente dès le départ. Elle a toujours été du simple au double entre l'Allemagne et la France, en parts de marché. On est actuellement autour de 2-3 % en France, contre 1,1 % en Allemagne. Mais l'audience augmente un peu plus vite aujourd'hui en Allemagne. Les Allemands sont plus nombreux que les Français : si on ramène ces proportions en nombre de téléspectateurs ou d'internautes, les chiffres sont équivalents. Nous sommes vraiment contents d'avoir une augmentation d'audience dans les deux pays. C'est le cas, avec une augmentation de 50 % en France, et de 30 % en Allemagne, ce qui montre bien la tendance actuelle.

Pour ce qui est du public d'ARTE, on s'aperçoit que la proportion de téléspectateurs qui ont la demande la plus forte pour des programmes d'ARTE se trouve dans les villes petites et moyennes. ARTE n'est pas du tout réservée aux métropoles ou aux grandes villes, mais est avant tout vue dans des territoires délaissés par les milieux culturels. Nous faisons en sorte que les producteurs qui travaillent avec nous portent un plus grand intérêt à ce qui se passe dans les milieux ruraux et les villes moyennes. Nous tâchons d'être plus à l'écoute de ces populations, que nous ne le sommes naturellement en raison de la centralisation parisienne. Les Allemands, en revanche, ont une structure très décentralisée et savent parler à des populations plus rurales. C'est logique, il faut que nous assumions cette parole culturelle qui est souvent la seule accessible dans des territoires délaissés. Nous avons des partenariats avec la presse écrite, nous y avons une part de voix bien supérieure à notre part de marché. La presse parle beaucoup plus d'ARTE que sa part de marché ne le nécessiterait en valeur absolue. Nous avons fait une série sur le Vietnam il y a peu, en ayant eu comme partenaire le Parisien. Presque toutes nos opérations sont accompagnées par la presse écrite.

Par ailleurs, nous avons construit avec l'Éducation Nationale un outil dont nous sommes très fiers, qui vient juste d'être mis en place avec le ministre de l'Éducation nationale et la ministre de la Culture : Educ'ARTE, plateforme de service vidéo à la demande destinée aux professeurs, à leurs élèves et à leurs familles. On voyait que tous nos programmes étaient très demandés et piratés par l'ensemble du milieu scolaire. Plutôt que de nous laisser pirater, nous avons construit cet outil qui rassemble six cents programmes distincts, mis à la disposition des professeurs, et conçus par les professeurs pour tous les niveaux scolaires. L'objectif de cette plateforme est simple mais très ambitieux : il faut que d'ici une dizaine d'années l'ensemble des jeunes Européens puissent, à la fin de leur scolarité, avoir bénéficié d'un socle commun de programmes liés à la culture. Comme nous sommes une chaîne culturelle et européenne, nous transmettons les valeurs de la civilisation européenne et nous avons donc espoir que les jeunes Européens puissent intégrer ces valeurs plus facilement qu'actuellement. Je vous remercie de poser cette question qui est liée aux conventions démocratiques. On dit que les jeunes se désintéressent de la télévision à cause des réseaux sociaux. Encore faut-il leur apporter les programmes qui leur permettent de mieux connaître leurs points communs. Nous voulons étendre nos programmes sur toute l'Europe, ce qui prendra une bonne dizaine d'années. Mais c'est un beau projet de réunir la jeunesse dans les écoles, en six langues, avec nos programmes.

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