Intervention de Christophe Naegelen

Séance en hémicycle du jeudi 21 novembre 2019 à 9h00
Accession de la macédoine du nord à l'organisation du traité de l'atlantique nord — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Naegelen :

La Macédoine du Nord a toujours fait preuve de bonne volonté en s'engageant militairement aux côtés de ses alliés et en exprimant le désir de conduire des opérations de maintien de la paix. Sa volonté d'adhésion à l'OTAN concrétise l'important travail entrepris depuis plusieurs années avec ses voisins pour surmonter, de manière pacifique et durable, des différends anciens et persistants.

Il faut le reconnaître, la signature de l'accord d'amitié, de bon voisinage et de coopération avec la Bulgarie, en 2017, celle de l'accord de Prespa avec la Grèce, en 2018, et l'important travail d'apaisement mené avec Tirana au sujet de la minorité albanaise présente sur le territoire macédonien concourent à la paix dans la région et méritent d'être salués.

Néanmoins, ce pays de 2 millions d'habitants ne consacre que quelque 100 millions d'euros par an à sa défense et équipe ses 8 000 soldats de matériel militaire désuet. Il sera difficile de rendre ce matériel hérité d'une autre époque compatible avec celui utilisé par la majorité des forces de l'OTAN. L'apport militaire de la Macédoine du Nord est donc à relativiser.

De plus, au vu de l'état actuel de l'OTAN et de la violente crise politique qu'elle traverse, la présente discussion doit être l'occasion pour nous de réfléchir non seulement à la nécessité même d'élargir l'Alliance, mais aussi à son futur. En effet, le diagnostic est sans appel : le leadership et la solidarité de l'OTAN sont aujourd'hui en pièces.

Les désengagements et les volte-face successifs de Donald Trump constituent la preuve que le regard de nos alliés américains n'est plus tourné vers l'Europe, mais bien vers le Pacifique. Si ces désengagements se sont accélérés sous l'actuel président américain, ils n'ont rien de passager puisque l'administration Obama avait déjà exprimé la volonté de placer l'Asie au centre de la politique étrangère américaine.

Les Américains n'ont donc plus la volonté de travailler avec les Européens dans le domaine de la sécurité du continent, mais nous devons voir dans cette évolution l'opportunité de collaborer entre pays européens pour instaurer une vraie politique de défense européenne, voire une alliance interarmées au niveau européen. Sans oublier nos relations avec les États-Unis, qui restent nos alliés dans nombre d'autres domaines, nous devons prendre nos responsabilités et apprendre à marcher de manière autonome.

Car la solidarité au sein de l'Alliance atlantique ne relève plus que d'une vue de l'esprit. En témoigne la manière dont le retrait des États-Unis en Syrie et l'invasion militaire turque dans une zone où la France dispose pourtant d'intérêts incontestables ont été décidés de manière unilatérale, alors même que la concertation et la coordination politiques sont consacrées par l'article 4 du traité.

Dès lors, soit l'Alliance atlantique décide de redéfinir profondément sa finalité, soit elle disparaîtra et entraînera dans sa chute la sécurité d'une partie de notre continent. Dans tous les cas, l'Europe et la France n'ont pas le temps d'attendre. Si nous souhaitons demeurer maîtres de nos destins, nous n'avons pas d'autre choix que d'accélérer la construction d'une Europe de la défense, dotée à la fois d'une industrie militaire de premier rang et d'une véritable capacité d'intervention nous permettant d'agir dans l'éventualité où notre allié américain déciderait de nous faire défaut. La France doit travailler avec un noyau de pays réellement conscients des dangers et souhaitant pleinement s'engager. Quant aux États qui ont pris l'habitude de bloquer toutes les avancées en matière de défense européenne au motif que seule l'OTAN devrait primer, ils se rendront rapidement compte que le parapluie américain ne sera peut-être pas toujours ouvert et qu'il est dans leur intérêt que l'Europe puisse assurer sa sécurité de manière autonome.

Quoi qu'il en soit, le groupe UDI, Agir et indépendants votera ce projet de loi, en espérant que l'OTAN sorte rapidement de la crise qu'il traverse et que les États européens prendront enfin leur destin en main.

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