Tout d'abord, je remercie tous les orateurs pour la qualité de nos échanges. Nous avons ici un débat européen, mais dont la portée dépasse de beaucoup les frontières du continent.
S'agissant de l'OTAN, un débat stratégique est en effet nécessaire – cela rejoint vos propos, monsieur Lagarde. Hier s'est donc tenue une réunion, à Bruxelles, des ministres des affaires étrangères des États membres de l'OTAN. Jean-Yves Le Drian a proposé, soutenu notamment par Heiko Maas et plusieurs de nos alliés, que soit menée une réflexion stratégique pour revenir aux fondamentaux de l'OTAN, à ce qui en 1949 a contribué à sa création, afin d'assigner un rôle plus clair et plus stratégique aux partenaires européens au sein de l'Alliance et de pouvoir ainsi faire le point sur nos relations avec les grands partenaires mondiaux et sur les objectifs que nous nous fixons vis-à-vis de la Chine, de la Russie ou d'autres encore. Il s'agit aussi de hiérarchiser les éléments de cette réflexion : non pas d'établir un long catalogue de tout ce qui pourrait arriver à l'OTAN en fonction de tout ce qui se passe dans le monde, mais de définir les priorités que nous nous fixons.
S'agissant du point particulier que vous évoquez, monsieur Lagarde, vous savez que la France a condamné très fermement ce qui s'est passé au nord de la Syrie. S'est réunie il y a quelques jours la coalition contre Daech, activée par le président français et l'ensemble de nos alliés bien avant le présent gouvernement ; elle a eu une parole unanime qui ne minimise en rien la situation humanitaire, sécuritaire et stratégique constatée. Vous connaissez l'engagement du ministère concernant la protection humanitaire de la population kurde ; nous sommes très mobilisés à ce sujet. Le Président de la République, dans le cadre de l'entretien auquel nous avons tous fait référence, a posé très clairement la question de la cohérence qui doit être celle de l'OTAN face à de tels événements. Quant à d'éventuelles informations à communiquer à l'Assemblée, je pense que vous avez toute possibilité de les demander au ministère, mais aussi à toutes les autres instances publiques concernées.
Quoi qu'il en soit, je tiens à vous dire que la réflexion sur la défense européenne, sur l'autonomie stratégique de l'Europe et sur la capacité des Européens à être des alliés qui ne soient ni alignés ni inféodés, mais aptes à occuper une position stratégique, c'est l'ambition du Président de la République depuis le premier jour ; il l'a réaffirmée dans le discours de la Sorbonne, et nous agissons en ce sens avec nos partenaires.
Jean-Yves Le Drian a d'ailleurs proposé un chemin pour y parvenir, et des objectifs, à l'occasion de la réunion des ministres des affaires étrangères des États membres de l'OTAN qui se tenait hier à Bruxelles. La France a bien l'ambition, pour les prochains mois, que la réflexion qu'elle a ouverte débouche sur la clarification des objectifs, des moyens et, par conséquent, de la position européenne concernant les crises que nous connaissons, et dont les très graves conséquences humaines et humanitaires ne suscitent chez nous ni naïveté ni résignation.