En matière d'éthique, et comme je l'ai déjà dit pendant l'examen de la loi de bioéthique, il ne faut surtout pas considérer les scientifiques comme des apprentis sorciers. J'associerai la notion d'« éthique » à celle d'intégrité, qui pourrait être introduite plus tôt dans les études. Nous rencontrons aussi actuellement des difficultés d'intégrité scientifique, qui sont liées au mal-être psychosocial dont nous avons parlé tout à l'heure : le « publish or perish » conduit certains à aller un peu trop loin parfois.
Le recrutement de docteurs sur des postes de hauts fonctionnaires a fait l'objet d'une expérimentation et l'objectif est maintenant d'amplifier ce mouvement. À ma connaissance, il s'agit plutôt d'une réussite, donc pourquoi s'en passer ?
La France a un vrai problème de fond en matière de culture scientifique et technologique pour le plus grand nombre. Si nous disposons de très belles structures comme le Muséum d'histoire naturelle ou la Villette, sur le terrain, nous n'avons pas grand-chose et ce problème perdure depuis plus de 25 ans. La culture scientifique dépend du ministère de la Recherche, de l'Enseignement supérieur et de l'Innovation, mais sur le territoire, elle relève essentiellement des municipalités, dont les crédits s'orientent plutôt vers la culture. Les communes ne financent pas en priorité la culture scientifique. Les communes vont préférer, comme dans la mienne, par exemple, financer la tauromachie. Dès lors, ma proposition de projets sur l'école de l'ADN – j'ai même un jour proposé d'authentifier l'origine des taureaux –, ne rencontre pas d'écho. Beaucoup de choses sont faites et pourraient être mises en résonnance, mais se pose un vrai problème de financement. Il s'agit d'une vraie difficulté, de même que les modalités d'accès au milieu scolaire pour aller expliquer nos métiers dès le plus jeune âge. Cela se fait malheureusement trop peu. Aujourd'hui, notre attractivité s'amenuise pour ces raisons.