Intervention de Laura Flessel

Réunion du mercredi 25 octobre 2017 à 16h20
Commission élargie : finances - affaires culturelles

Laura Flessel, ministre des sports :

Le budget du ministère des sports pour 2018 s'inscrit dans la stratégie de redressement des comptes publics définie par le Président de la République et le Premier ministre. Cette politique structurelle utile engage tous les ministères solidairement ; elle nous oblige à interroger nos habitudes, nos routines, et à repenser profondément notre modèle d'intervention publique. Nous devons rendre compte devant vous de l'utilisation qui est faite de l'argent de nos concitoyens, et je dois utiliser chaque euro de manière efficiente. En effet, alors que la dépense allouée au sport en France est l'une des plus élevées de l'Union européenne, nos résultats ne sont pas toujours à la hauteur de cet investissement, ni en matière de performance ni en matière de développement de la pratique.

Nous pouvons être satisfaits de ce budget quasi stable par rapport à celui de 2017. Il est le fruit d'une écoute constante et d'échanges constructifs avec le ministère du budget et de l'action publique et je crois pouvoir dire qu'il répond aux besoins qui ont été identifiés. Je précise qu'il ne prend pas en compte la ligne budgétaire consacrée aux Jeux olympiques et paralympiques, qui a été évoquée samedi dernier, en séance publique, par Gérald Darmanin et qui fera, à terme, de ce budget le plus important jamais consacré au sport, ce dont nous pouvons nous réjouir.

Notre budget est articulé autour de quatre axes stratégiques : une France qui rayonne, une France intègre, une France qui bouge et une France en bonne santé. Dans cette optique, le ministère des sports se doit d'innover sans jamais perdre de vue ses missions essentielles de coordination, d'encadrement de la vie sportive et de contrôle. Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris auront lieu dans sept ans, mais leur préparation débute maintenant. Pour les réussir et atteindre l'objectif de 80 médailles que j'ai fixé, nous devrons soutenir les fédérations ainsi que nos sportifs de haut niveau, qu'il nous faut accompagner et sécuriser, et libérer la haute performance en nous appuyant sur les propositions qui seront formulées par Claude Onesta dans le cadre de la mission que je lui ai confiée.

Concrètement, le budget 2018 nous permet d'augmenter les moyens alloués aux fédérations sportives en consacrant une enveloppe de 3 millions supplémentaires aux conventions pluriannuelles d'objectifs afin de porter le montant des crédits qui leur sont alloués à 76 millions d'euros. Parallèlement, nous prévoyons un investissement exceptionnel de 1,5 million pour le sport paralympique afin de préparer au mieux les futures échéances. Nous augmentons également de 600 000 euros le soutien personnalisé aux sportifs de haut niveau, qui bénéficie ainsi d'une enveloppe de plus de 10 millions d'euros au titre des aides personnalisées. La sérénité des sportifs conditionne leurs résultats. C'est pourquoi nous souhaitons les accompagner pendant leur carrière et la préparation de leur reconversion. Nous menons, du reste, dans cette perspective, une réflexion sur la création de bourses ou de contrats de haute performance sportive.

Enfin, recevoir les Jeux olympiques et paralympiques est une formidable opportunité sociale. Vingt mille volontaires effectueront une mission de service civique dans le sport et 80 000 volontaires devront être recrutés d'ici à 2024, conformément à l'engagement que nous avons pris dans notre dossier de candidature. N'oublions pas que, derrière un grand champion, se cache toujours un bénévole à qui l'on oublie trop souvent de dire merci. Que valent une médaille ou un titre si l'on oublie l'essentiel, la fraternité ?

Parce que la championne que j'ai été ne dissocie jamais la performance des valeurs, je mènerai une politique déterminée en faveur du sport-santé et du sport bien-être et je ferai en sorte de développer le sport dans tous les territoires et pour tous les publics, un sport conçu comme créateur de lien social qui véhicule la citoyenneté. Je veux que les Français aient des occasions heureuses de se retrouver et de se rassembler ; je veux redonner le sourire à mon pays.

Notre but est d'augmenter de 3 millions le nombre des pratiquants et ce budget est la transcription de cet objectif.

Ainsi, nous recentrons l'intervention du CNDS en modifiant son périmètre, conformément aux engagements pris lors de la campagne présidentielle. Il s'agit de rendre son action plus efficace en en faisant l'opérateur identifié du sport pour tous et le promoteur de l'innovation dans le sport. Dans cette optique, nous poursuivrons le programme « Sport et société », avec un financement de 20 millions d'euros alloués au CNDS, mais en définissant de nouvelles modalités d'action. Plus d'innovations sociales et d'expérimentations territoriales, mais au service d'un unique objectif : mettre la société française en mouvement.

Dès 2018, nous mènerons avec le CNDS une réflexion sur le programme d'équipements sportifs du futur, afin d'optimiser la qualité de l'offre proposée et de répondre aux besoins dans les territoires. J'aurai l'occasion de présenter ces orientations au conseil d'administration de fin d'année de l'établissement.

Trois millions de pratiquants supplémentaires : cet objectif nous oblige à mieux connaître les attentes des Français et à identifier les moyens d'aller chercher ceux qui ne pratiquent pas encore. Pour ce faire, nous consacrerons un million supplémentaire à des missions d'expertise majoritairement orientées vers le sport pour tous, grâce à la création d'un observatoire des pratiques sportives, à la programmation d'études de l'observatoire de l'économie du sport et à la réalisation, dans le cadre d'une troisième mission, de marchés d'assistance pour l'évaluation de la haute performance sportive.

Le sport pour tous mais aussi partout. La distance ne nous fait pas oublier – faites-moi confiance – ce que nous devons aux territoires ultramarins dans le domaine du sport. Nous dégagerons donc une enveloppe de 7 à 10 millions d'euros pour les équipements sportifs d'outre-mer et de la Corse. Je me suis rapprochée de l'Agence française du développement (AFD), afin que ce programme puisse bénéficier de son appui technique et que les projets répondent mieux aux spécificités de l'outre-mer.

Ce budget traduit également nos ambitions en matière d'éthique, puisque nous consacrons 10 millions d'euros à l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), soit une augmentation de 10 % de son budget annuel. En parallèle, je souhaite que nous lancions une réflexion sur les modalités de supervision du sport. Nous devons en effet plus que jamais protéger le mythe du sport comme lieu d'égalité des chances.

Voilà, mesdames, messieurs les députés, une feuille de route très politique sans être partisane et le projet qui la sous-tend. Je la soumets à votre sagacité en espérant que vous m'apporterez votre soutien, parce que je crois que nous pouvons largement en partager les objectifs et parce que j'ai besoin de vous.

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