Je voudrais juste vous présenter un peu l'organisation de notre service, que nous appelons, au sein de l'ARS, veille et sécurité sanitaire. Nous sommes une équipe de 15 personnes : des médecins, des infirmiers, des secrétaires. Nous avons la particularité, en Normandie, d'être polyvalents sur tous les champs de la veille sanitaire. C'est comme cela que j'ai voulu l'organisation du service. Aucune des 15 personnes n'est, à strictement parler, formée aux situations sanitaires exceptionnelles. Les formations qui se font à l'école des hautes études en santé publique durent trois semaines, avec chaque semaine un cycle de formation assez intense.
Ensuite, nous vous avons parlé de notre organisation en CRAPS. Nous avons à la fois un noyau dur interne et un réseau externe que nous veillons à maintenir dans une relation de confiance, pour répondre globalement à ces situations exceptionnelles. Le pôle Veille et sécurité sanitaire est un peu le noyau dur de la réponse. Il doit s'adjoindre des services de l'ARS et surtout faire appel à des experts extérieurs, qui sont essentiellement, dans ce genre de situation, la cellule nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC). Il y a aussi tout le réseau d'expertise des agences nationales, des infectiologues quand il s'agit d'un phénomène infectieux, des toxicologues du centre antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) d'Angers – puisque nous dépendons d'Angers – des équipes du SAMU et des urgentistes.
Il faut savoir également que nous participons régulièrement aux exercices qui sont organisés par la préfecture dans chaque département. Les agences régionales de santé participent à tous les exercices organisés par les préfectures dans chacun des départements à proportion des risques. Dans le département de la Seine-Maritime, la densité de sites industriels et de centrales nucléaires fait que ces exercices sont plus fréquents qu'ailleurs. Au cours des dernières années, nous avons aussi travaillé sur l'accueil de nombreuses victimes, eu égard à l'actualité malheureuse des attentats.
L'organisation de notre réponse sanitaire aux situations exceptionnelles dépend du dispositif Organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles (ORSAN), qui fait le pendant du dispositif Organisation de la réponse de sécurité civile (ORSEC). Dans l'ORSAN, il y a un volet que nous appelons ORSAN AMAVI (accueil massif de victimes non contaminées), pendant du volet Nombreuses victimes (NOVI) d'ORSEC. Ce sont surtout sur ces volets que nous avons travaillé ces dernières années, avec les établissements sanitaires, les établissements hospitaliers, les services d'urgence, les SAMU, pour permettre de dimensionner le système de santé à l'accueil de nombreuses victimes. La communication vers les professionnels de ville est une nouvelle dimension de ces organisations que nous avons découverte à l'occasion de cet évènement. Nous ne l'avions pas encore intégrée à nos exercices. Il est prévu, dans le nouveau guide ORSAN en cours de validation au niveau national, qu'il y ait un volet de mobilisation, prévu pour impliquer les professionnels de ville dans la gestion des situations sanitaires exceptionnelles. Nous ne savions pas vraiment jusqu'à quel point, dans quelles mesures, avec quels canaux d'information, avec quel système d'alerte rapide nous pourrions communiquer avec eux, de façon plus individuelle. Je pense que l'évènement que nous venons de vivre sera d'un bon enseignement à ce sujet.