Intervention de éric Picard

Réunion du mercredi 30 octobre 2019 à 16h00
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

éric Picard, président de la communauté de communes des quatre rivières :

Gournay en Braye n'a pas été inscrite dans l'arrêté des communes impactées, et c'est vrai que dans l'immédiat nous n'avons pas été concernés, c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu d'effets visibles ni constatés.

La première information que j'ai eue de source officielle vient de l'Education nationale. L'inspectrice de Neuchâtel m'a appelé en me disant : « Nous avons donné la consigne à toutes les écoles de la circonscription de laisser les enfants en confinement jusqu'à nouvel ordre, à cause de l'incendie ». Pour ma part, je l'avais appris par la voie de la télévision, le matin au petit-déjeuner.

Le confinement des élèves, certes, quid de ceux qui ne sont pas demi-pensionnaires ? Ils repartent. Les parents, nous les informons à quel moment ? Pour les communes comme la mienne, c'était assez particulier. Et la réponse qui a été donnée, du côté de l'Ecole Georges Brassens de Gournay, a été : « Nous ne pourrons pas nous déplacer dans les lieux sportifs ou culturels, pour les activités périscolaires et extrascolaires organisées à cause de ce confinement. »

Bizarrement, j'ai vu arriver à la piscine ou encore à la médiathèque de Gournay des gens qui venaient de la proximité de Gisors ou des gens qui venaient de l'Oise, département limitrophe de notre périmètre. Il y a un confinement à opérer, mais le nuage va continuer son chemin. Peut-être avez-vous déjà entendu des représentants des collectivités territoriales de la région voisine, mais il est important aussi d'imaginer que ce nuage va continuer, paraît-il, jusqu'aux Pays-Bas. Nous n'irons pas jusqu'aux Pays-Bas, cela ne nous concerne pas. Néanmoins sur la zone des Hauts-de-France, il faut que nous soyons vigilants.

En termes d'alerte de la population, je rejoins mes collègues. Nos malheureuses sirènes d'alerte, quand bien même elles seraient encore fonctionnelles et efficaces, n'ont plus d'intérêt aujourd'hui, dans la mesure où nous n'éduquons pas nos populations à reconnaître les signaux d'alerte, ni même les pratiques qui devraient en découler, par voie d'expérience ou d'apprentissage.

Je rejoins ce que disait Xavier Lefrançois, puisque j'ai parlé de l'Éducation nationale. À partir du moment où on parle des plans de mise en sécurité des élèves, c'est un exercice que nous faisons fréquemment, que nous nous astreignons à faire, et Dieu sait que cela a provoqué des travaux dans nos écoles publiques, mettons-les en jeu ! Il faut que ce soit opérationnel.

Ensuite, le confinement des animaux a été assez tardif à mettre en place. Nous avons un marché deux fois par semaine à Gournay-en-Bray. Je vous ai dit que la ville de Gournay-en-Bray n'était pas touchée, mais lorsque nous avons des producteurs locaux qui viennent d'un rayon d'action élargi, nous avons logiquement des producteurs qui viennent nous voir. Et nous avons un marché de vifs, où nous vendons des volailles et des lapins, ont-ils été exposés ? Jusque quand ? Fallait-il empêcher cette vente ? Nous étions dans une situation d'information assez pauvre.

Sur la succession et le rythme des informations. Là aussi l'ironie du risque gala, des messages à commande et à validation téléphonique, fait que nous sommes très souvent sollicités par le SIRACEDPC. Malheureusement, dans cette affaire, nous n'avons pas été aussi précis que cela. Cela aurait peut-être été judicieux d'utiliser ce même réseau.

Pour ce qui concerne la fonction de président de communautés de communes, ce n'est pas le premier interlocuteur finalement auquel on fait appel. Le maire, c'est le premier niveau de la démocratie. Mais lorsqu'il s'agit d'un maire d'une petite commune, qui ne possède pas de service permanent dans sa mairie, comment se fait l'accueil des populations sur leur interrogation ? Tout le monde n'a pas forcément le numéro du maire en direct. Et lui n'a peut-être pas forcément la possibilité de se mettre immédiatement en permanence dans sa mairie pour pouvoir répondre à ces questions.

A cet égard, il y a quelque chose à faire aussi du côté des communautés de communes, à qui il est demandé tellement de choses qu'elles finissent par ne plus savoir exactement quel est leur rôle. Avons-nous un rôle d'ensemblier ou avons-nous un rôle simplement sur des stratégies ? Il faudra peut-être travailler sur le niveau d'information.

Sur la question de l'information des pollutions, dans les permis de construire, le Pays de Bray, que Xavier Lefrançois a défendu avec ardeur comme à son habitude, est sous les vents dominants de l'agglomération rouennaise. Tous les vents de secteur ouest, ou sud-ouest, vont nous arriver. Et le potentiel risque de pollution aérienne par effet de catastrophes industrielles du bassin rouennais est forcément récurrent. Il n'avait jamais été inscrit comme étant un risque potentiel, et on n'informait pas forcément les pétitionnaires, ni au moment des PC ni au moment des cessions de propriété.

Aujourd'hui, on nous donne de nombreuses bases de données informatisées, qui ne correspondent plus à rien parce qu'elles relèvent parfois de l'histoire antédiluvienne. Aujourd'hui, nous aurions peut-être besoin de remettre cela à jour, même si nous ne souhaitons pas forcément qu'il y ait un incident industriel aussi important.

L'autre difficulté du côté des particuliers, c'est que les maires de proximité ont été contactés par leur population, quand ils avaient des soucis, lorsqu'ils ont été dans le périmètre de l'arrêté. Mais chacun a pris ses responsabilités. Un grand nombre de particuliers se sont rendus en gendarmerie pour déposer plainte, parfois pour des raisons infondées. Mais les gendarmes ne sont pas formés non plus pour cela. Et un grand nombre de concitoyens que j'ai croisés longtemps après, m'ont expliqué leurs expériences de dépôt de plainte. Cela fait froid dans le dos.

Nous sommes en droit de nous poser la question de savoir si les habitants ont le droit d'aller à un guichet de la force publique, et donc un guichet du parquet pour déposer une plainte à bon droit. Et on leur dit : « Attendez de savoir ce qu'il se passe. Ce n'est pas la peine de vous alarmer ! » Cela n'a pas toujours été le cas, parce que cela a été vite réformé, mais l'expérience des premiers n'a pas forcément été bien vécue.

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