Monsieur le ministre, comme nous tous, vous avez salué la qualité de l'intervention des pompiers. C'est bien, mais ce serait encore mieux de les écouter quand ils demandent une augmentation de leur prime de feu et de leurs effectifs, afin de garantir cette qualité d'intervention dans la durée.
Dans la nuit de l'incendie, on a finalement jugé préférable de ne pas informer la population pour éviter la panique, ce qui laisse à penser que le premier réflexe des gens serait d'engorger les routes plutôt que de rester confinés. J'avoue que cette philosophie me pose question. Quel est votre sentiment ?
Je suis également très étonné que le 27 septembre au matin, soit vingt-quatre heures après l'incendie, le préfet de Seine-Maritime ait expliqué sur France Bleu qu'il n'y avait pas de risque de « toxicité aiguë » – encore aurait-il peut-être fallu expliquer ce qu'il entendait par « toxicité aiguë » – et donc pas lieu de s'équiper de masques. Or, au même moment, France Bleu montrait des policiers équipés de masques, à côté d'une population qui n'en avait pas ! Vous comprendrez la perplexité et les interrogations, d'autant que les études fines de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS) n'ont pas été rendues publiques avant le lundi 30 septembre. En l'espèce, n'a-t-on pas ignoré le principe de précaution ? À force de ne pas vouloir entraîner de panique, n'a-t-on pas créé pour le moins un problème de communication ? Il ne s'agit pas de pointer du doigt le préfet de Seine-Maritime, mais de tirer des enseignements pour le futur.
D'autant plus que, le lundi 30 septembre, le préfet de l'Oise expliquait qu'on ne sait pas ce qu'il y a dans les produits, qu'il peut s'agir de métaux lourds, de dioxines, de plomb, de polychlorobiphényles (PCB), etc. Il semblait beaucoup plus précautionneux, voire alarmiste. Ces discours dissonants de ces deux préfets interpellent. Les gens se demandent inévitablement lequel est dans la vérité. J'aimerais avoir votre avis là-dessus : il n'y a là ni vidéos mensongères ni fake news, de deux préfets de deux départements limitrophes qui tiennent deux discours différents. Cela amène à tout le moins à se poser des questions…
Vous avez également reconnu des difficultés dans la communication vis-à-vis des maires, tout en ajoutant que, si elle était psychologiquement nécessaire, elle ne l'était pas pour le bon fonctionnement du dispositif. Cette phrase également m'étonne : il me semble au contraire que l'on doit s'appuyer sur les maires. Nous en avons reçu, dont celui du Petit-Quevilly : s'ils avaient été informés plus rapidement et plus en détail, cette affaire aurait été mieux gérée.
Vous nous avez indiqué que votre périmètre de compétences ne comprenait pas les interventions de la DREAL, mais je souhaite malgré tout vous interroger sur la « préfectorisation » du système en cas de crise. Ce point nous a été remonté dans le cadre d'une autre mission par tous les syndicats du ministère de la transition écologique et solidaire. En gestion de crise, le préfet prend la main et exerce des pressions de nature différente sur les services déconcentrés. Quel est votre sentiment ?