Des simulations d'évacuation sont réalisées, mais de façon virtuelle. Il serait difficile d'organiser des exercices. Mais, pour développer la culture du risque, nous pourrions imaginer des journées « à la japonaise ». En effet, les risques technologiques et naturels que nous connaissons sont peut-être amenés à se développer. En outre, l'acceptabilité de nos concitoyens face aux risques baisse, c'est un fait. Il ne s'agit pas de dénoncer des couillons, mais de prendre en compte cette donnée. Nous devons donc nous adapter et nous préparer.
C'est toute la difficulté du principe de précaution. La décision, quelle qu'elle soit, fait toujours débat : j'ai en mémoire des évacuations liées à un risque d'éruption volcanique il y a quelques années. Elles avaient donné lieu à un procès car l'éruption ne s'était finalement pas produite… On pourrait également prendre l'exemple du plan de vaccination contre la grippe H1N1.
Faut-il que les DICRIM soient communaux ou intercommunaux ? La police est une responsabilité communale. On peut imaginer que la communauté de communes porte pour le collectif, passe le marché – ce qui permet généralement de dégager des économies – et qu'ensuite, les DICRIM soient élaborés commune par commune. Je l'ai expérimenté comme président d'une communauté de communes. Mais sitôt que c'est la communauté de communes qui gère, les maires s'en foutent… Je suis un peu brutal, mais je l'ai vécu. À plusieurs reprises en conseil communautaire, j'ai dû rappeler aux maires qu'ils engageaient leur responsabilité si le DICRIM n'était pas opérationnel. Il faut donc trouver un point d'équilibre. Transférer la compétence à l'intercommunalité est une autre affaire, d'autant que les communautés de communes ou les communautés d'agglomération sont de plus en plus grandes et que les maires portent la connaissance de leur territoire et doivent s'approprier le document.
S'agissant de POLMAR, je n'ai aucune information sur le déplacement des moyens. Comme pour les émulseurs, il faut monter en gamme, mais on ne peut suréquiper tout le monde pour un risque infinitésimal. Il faut donc prendre des décisions selon la théorie des risques calculés, comme le font tous les acteurs, et tous nos concitoyens. Cela ne veut pas dire ne rien faire, au contraire. Ainsi les SDIS sont montés en puissance de façon significative au cours des dernières années, avec des outils adaptés, et disposent d'une intelligence territoriale qui leur permet de se former. Dans votre département, confronté à un niveau de risque industriel parmi les plus élevés de France, la culture du risque n'est pas la même au Havre et à Rouen par exemple – je parle sous votre contrôle car vous connaissez évidemment bien ces territoires. Il faut donc un bon niveau d'équipement, mais aussi des moyens centralisés et des moyens de projection. Lors de l'incendie, les deux véhicules que nous avons utilisés pour réaliser les premières analyses chimiques des particules venaient de Nogent-le-Rotrou et Paris, à deux heures de route. Mais il n'est pas nécessaire d'en, avoir un partout. Il nous faut donc trouver un équilibre.