Intervention de Sabine Thillaye

Réunion du mercredi 20 novembre 2019 à 15h10
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabine Thillaye, présidente :

Une délégation de la commission des affaires européennes s'est rendue à Rome le mercredi 13 novembre dernier, pour une réunion commune avec nos homologues de la Chambre des députés italienne et je souhaitais vous rendre compte brièvement de nos échanges.

Notre délégation, composée de six parlementaires issus des différents groupes politiques, a eu des entretiens à la Présidence du Conseil et avec le Président du groupe d'amitié Italie-France de la Chambre des députés, M. Pierre Fassino, ancien maire de Turin, membre du Parti démocrate. La réunion commune avec la commission des affaires européennes de la Chambre des députés, co-présidée par M. Sergio Battelli, du Mouvement Cinq étoiles, avait pour ordre du jour la politique migratoire de l'Union européenne et la conférence sur l'avenir de l'Union européenne.

Des prises de parole des députés italiens des différents groupes, il est apparu qu'une solution européenne sur la question migratoire était attendue avec force, notamment en vue de réviser la règle du pays de première entrée, qui pèse fortement sur la péninsule italienne. Dans l'attente de cette réforme, le renforcement des mécanismes de relocalisation, tant en termes de nombre de migrants concernés que de rapidité des procédures, a été défendu par la majorité en place. Si la nouvelle coalition n'entend plus fermer les ports italiens aux migrants, elle appelle en revanche tous les États membres à ouvrir leurs ports et à ne pas se défausser de leurs responsabilités au regard du droit de la mer et des conventions internationales régissant l'asile.

La question migratoire est clairement apparue comme un irritant dans les relations bilatérales, instrumentalisé par certaines formations politiques. La première question a été posée par une députée du groupe Fratelli d'Italia, qui a eu des propos assez forts. Elle a ainsi mis en avant les incursions des forces de l'ordre françaises en territoire italien pour s'indigner des violations de la souveraineté italienne par la France. Ces incidents sont exploités par les mouvements extrémistes. Les forces de police, de gendarmerie et de douanes doivent être extrêmement rigoureuses dans le respect des procédures, afin d'éviter d'alimenter de tels discours hostiles.

Sur l'avenir de l'Union européenne, les discussions ont principalement porté sur le prochain cadre financier pluriannuel et sur la question de l'élargissement.

Sur le premier point, la situation économique et budgétaire de l'Italie rendra difficile une augmentation significative de la contribution italienne au budget de l'Union européenne. Dans ce cadre, la tentation de réduire le budget de la PAC pour financer les nouvelles priorités pourrait trouver un certain écho parmi la coalition au pouvoir. Il ressort toutefois des échanges avec nos collègues italiens, que l'attachement à la qualité de l'alimentation et à l'importance du secteur agrico-alimentaire est largement partagé entre nos deux pays, et que l'Italie devrait être un allié pour défendre la PAC dans les négociations sur le prochain cadre financier pluriannuel.

Sur le second point, la partie italienne est soucieuse de donner une perspective européenne rapide aux pays des Balkans, qui sont dans leur voisinage immédiat. Le report de l'ouverture des négociations pour l'Albanie et la Macédoine du Nord n'a pas été très bien perçu par notre partenaire italien. En revanche, la proposition de refondre le processus d'adhésion, afin de le rendre plus lisible et de privilégier une lecture politique des progrès réalisés par les pays candidats, a reçu un écho favorable.

J'ai enfin proposé de créer un nouveau format de réunion entre les commissions parlementaires pour montrer notre souhait d'ouverture vers l'Italie et le caractère non exclusif de la relation franco-allemande, récemment rehaussée par le Traité d'Aix-la-Chapelle et la création de l'assemblée parlementaire franco-allemande. Il est vrai qu'on sentait une certaine forme d'inquiétude, voire d'irritation, liée au rapprochement de nos deux parlements. L'Italie, membre fondateur de l'Union, souhaite rester proche de nous.

Avec le départ du Royaume-Uni, l'Italie entrera dans le top 3 des États membres de l'Union européenne par la population et le PIB. J'ai donc proposé que nous tenions une fois par an des réunions des commissions des affaires européennes française, allemande et italienne, sur le modèle du triangle de Weimar, afin d'aborder régulièrement les grands sujets européens. Cette proposition a recueilli un large soutien chez nos collègues italiens et nos collègues allemands y souscrivent également. Nous avons proposé de baptiser ce nouveau format de réunion du nom du siège de la Chambre des députés italienne : triangle de Montecitorio. Nous pourrions accueillir en France la première réunion dans ce format dès le premier semestre de l'année 2020.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.