Cette terrible nouvelle met en lumière un conflit au sujet duquel nos alertes sont restées sans réponse. Dès février 2018, nous avons demandé un bilan géostratégique de notre action militaire au Mali. En vain.
Aujourd'hui, le pays tout entier s'interroge sur les objectifs poursuivis et la stratégie adoptée. Le mot « terrorisme » a recouvert trop de réalités diverses et notre ennemi n'a pas été clairement identifié : trafiquants, séparatistes, miliciens, djihadistes ne peuvent pas faire l'objet du même traitement.
Nos armées remportent des victoires tactiques, mais la crise s'étend. Le G5 Sahel devait apporter une solution. Constatant son échec, vous comptez désormais sur les forces spéciales européennes.
Or, la crise est politique. La force ne peut la résoudre : l'État est failli ; la démocratie est en panne ; le peuple est l'angle mort de toutes les réflexions ; les services publics fondamentaux n'existent plus ; des puissances étrangères en profitent, comme l'Arabie Saoudite qui gagne en influence en ouvrant des écoles coraniques.
Pendant ce temps, la France a dépensé 3,5 milliards d'euros en six ans d'opérations militaires. Pourtant, la population qui avait accueilli nos soldats avec des effusions, semble aujourd'hui ne plus vouloir notre présence.
Dans ces conditions, monsieur le Premier ministre, il est impératif de fixer un cap à l'action et de préciser votre stratégie ainsi que les voies et moyens que vous comptez employer pour parvenir au retrait de nos forces du Mali.