Monsieur le ministre de l'agriculture et de l'alimentation, mercredi, le monde agricole se mobilisera aux portes de la capitale et dans tout le pays. Il y a vingt ans, je me suis installé comme viticulteur et éleveur de bovins viande : ce métier, je l'ai choisi et je l'aime. Aujourd'hui, je voudrais pouvoir inciter de nombreux jeunes à s'engager.
Mais les installations restent insuffisantes. Comment ne pas comprendre ces jeunes qui hésitent, alors qu'ils voient leurs aînés s'endetter fortement et travailler durement sans percevoir une juste rémunération en retour ? Dans le même temps, les agriculteurs sont trop souvent montrés du doigt par une société qui ne se contente plus de se nourrir à des prix raisonnables, mais qui veille aussi à consommer des produits élaborés dans des conditions encore plus respectueuses de l'environnement.
Je sais que les agriculteurs ont compris ce message depuis longtemps et qu'ils sont capables de faire évoluer leurs pratiques. Ils demandent que la société entende autant leurs problèmes qu'eux ont compris le message qu'elle leur avait envoyé. La société doit admettre que l'agriculture a besoin de temps pour évoluer : il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton – comme un clic sur internet – pour avoir une réponse. La société doit aussi comprendre que sa contribution est indispensable pour que l'agriculture poursuive massivement le changement du modèle de production. Les jeunes sont prêts à aller vers ce nouveau modèle, mais ils veulent en vivre. Les grandes exploitations ne nourrissent plus leurs dirigeants. Elles les rendent encore plus vulnérables et dépendants d'un système de commercialisation de masse ; en outre, elles sont difficilement transmissibles aux nouvelles générations. Politiques, responsables agricoles et société tout entière, il nous faudra collectivement beaucoup de courage !
Alors que les premiers échanges ont eu lieu sur la réforme de la politique agricole commune – PAC – , avons-nous l'assurance, monsieur le ministre, que le volume financier du premier pilier sera maintenu ? Quelle est la stratégie du Gouvernement en la matière ? De nouvelles orientations pourraient-elles être données aux aides, de façon à enrayer la spirale du déclin du nombre d'agriculteurs, corollaire de l'agrandissement infini des exploitations ? Monsieur le ministre, le moment n'est-il pas venu de réorienter les aides ?