Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mardi 26 novembre 2019 à 9h00
Questions orales sans débat — Revendications des sapeurs-pompiers professionnels

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Deux événements récents ont mis en valeur l'héroïsme, le dévouement et le professionnalisme des sapeurs-pompiers : l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris et celui de l'usine Lubrizol à Rouen. L'héroïsme des sapeurs-pompiers de France n'est pas toujours aussi spectaculaire, mais il est quotidien. Ils protègent, tous les jours et au péril de leur vie, les biens, l'environnement et les Français.

Aujourd'hui ils sont en surchauffe. Le 26 juin 2019, sept organisations syndicales représentant plus de 85 % des sapeurs-pompiers professionnels ont déposé un préavis de grève de 60 jours avec une prolongation de 60 jours. Les constats des sapeurs-pompiers sont légitimes. Ils sont en effet des victimes collatérales de l'affaiblissement de notre système de santé publique : ils deviennent un dernier recours pour les habitants, de plus en plus éloignés des structures de soin et des médecins. À ce titre, la mobilisation des urgentistes et des personnels hospitaliers est d'une importance cruciale pour la profession des sapeurs-pompiers.

Alors même qu'ils manquent de moyens, ils sont plus sollicités qu'avant : de 2003 à 2018, le nombre de leurs interventions est passé de 3,5 millions à 4,6 millions par an. Malgré cette hausse continue, un rapport de la Cour des comptes de mars 2019 montre que de 2011 à 2018, les effectifs de sapeurs-pompiers des SDIS – services départementaux d'incendie et de secours – ont diminué. M. le ministre de l'intérieur a rendu hommage aux pompiers : il est temps de passer aux actes, car leurs revendications relèvent du bon sens, en particulier la revalorisation de la prime de feu, à hauteur de celles destinées aux autres métiers à risque, ou encore la création massive d'emplois statutaires. C'est indispensable pour la pérennité des services assurés par les sapeurs-pompiers à la population.

Au lieu de répondre rapidement à ces revendications, on a étouffé la grève. Les sapeurs-pompiers, tenus par l'impératif de continuité du service public, dont certains rêvent l'extension aux transports, disposent de peu de moyens pour se faire entendre. Malgré leur dévouement, plusieurs sapeurs-pompiers ont été sanctionnés pour le port d'un simple brassard indiquant leur qualité de gréviste.

Le 15 octobre 2019, le Gouvernement a accueilli la mobilisation historique des sapeurs-pompiers avec des canons à eau, des nasses policières et des gaz lacrymogènes. Cela se passait sur le pont de la Concorde : j'y étais et j'ai eu droit au même tarif. Aucun ministre n'a daigné recevoir la délégation de sapeurs-pompiers venue négocier ce jour-là. Aucun ! Vous préférez souffler sur les braises. Pourtant, l'État peut agir directement pour améliorer le quotidien des pompiers ! Agissez, plutôt que de vous cacher derrière les départements, comme l'a fait M. Castaner en réponse à une de mes questions !

L'intersyndicale des pompiers vous a fait des propositions concrètes qui permettraient d'augmenter de 28 % la prime de feu de toutes les catégories, dont l'augmentation de l'aide versée par l'État aux départements via la taxe spéciale sur les conventions d'assurances ou la revalorisation de la carence d'ambulance privée, toutes choses qui permettraient à l'État d'agir directement pour faire en sorte que les pompiers aient gain de cause.

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