« Le compte n'y est pas » : c'est par ces mots que s'est exprimé le 22 octobre dernier le ministre de l'agriculture et de l'alimentation lors d'un bilan, un an après sa promulgation, de la loi EGALIM ? qui devait rééquilibrer les relations commerciales entre producteurs, industriels et distributeurs. C'est par ces mots qu'il témoigne d'un aveu de faiblesse de la loi EGALIM ; c'est avec ces mots qu'il laisse les agriculteurs face à leur destin.
Demain mercredi, ils manifesteront à Paris : plus de 1 000 tracteurs viendront des régions Hauts-de-France, Normandie, Île-de-France, Grand-Est, Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté. Que leur dira-t-il ? Que le compte n'y est pas ? C'est pourtant au ministre de l'agriculture que nous devrions demander des comptes, pour mettre la pression sur les distributeurs et les industriels, pour permettre le retour à un revenu décent pour l'agriculteur. Qui, avec 350 euros par mois de revenu net, peut se payer le luxe d'attendre un an de plus ? C'est au ministre qu'il faut demander des comptes sur les distorsions de concurrence supplémentaires que l'État a trop facilement tendance à accepter, sur la réponse concrète qu'il compte opposer à l'agribashing grandissant dans notre société. Ce week-end encore, c'est un agriculteur du sud de l'Aisne qui a mis fin à ses jours, laissant une lettre derrière lui dans laquelle il décrit son ras-le-bol et la souffrance qui est la sienne de ne plus pouvoir vivre du métier qu'il aimait tant, lassé de devoir se justifier au quotidien devant les riverains qui l'accusaient de polluer…
Un an après, plutôt que de tirer un bilan, nous discutons une loi « EGALIM bis », prolongation de la loi EGALIM. À ce titre, je regrette vivement, Madame la présidente, que 30 % des amendements déposés aient été jugés irrecevables.