Intervention de Olivier Véran

Réunion du mercredi 27 novembre 2019 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Véran, rapporteur général :

Vous parlez de désert médical, mais qui déserte ? Est-ce le médecin ou l'État et tous les services publics et privés ? J'aimerais que nous puissions un jour débattre consensuellement de l'aménagement global du territoire car les territoires dont nous parlons – ruraux, semi-ruraux, périurbains – n'ont certes pas ou plus de médecins, mais également pas ou plus d'emplois, de transport et de services. Aborder ces déserts uniquement sous l'angle médical revient à faire l'impasse sur le mal profond qui les ronge.

Lorsqu'il y aura de l'emploi, des services, des écoles, des commerces, il y aura des médecins et des pharmacies. On parle de mesures coercitives depuis 2007. Ce n'est pas soviétique, c'est sarkozyste ! Mais Nicolas Sarkozy avait finalement renoncé, pour de bonnes raisons, pressé par sa majorité de l'époque, qui lui avait expliqué que ce n'était pas une bonne idée.

Pourquoi n'est-ce pas une bonne idée ? On ne va pas déshabiller Paul pour habiller Jacques, surtout quand Paul n'a plus qu'un short et une paire de tongs... Sinon la désertification sera globale car les médecins de ville ne sont pas assez nombreux dans notre pays, Mme Tamarelle-Verhaeghe l'a très bien rappelé. Si vous voulez décourager ceux qui veulent encore s'installer, mettez en place des mesures coercitives !

Un exemple pour conclure : j'étais en Corse cet été, à côté de Calvi, où l'on est passé en l'espace d'un an de sept à deux médecins pour 10 000 habitants. Comment ferons-nous si les dispositions de votre proposition de loi s'appliquent, monsieur Garot ? On dira aux médecins qu'ils ne peuvent pas s'installer à Calvi et, un an plus tard, on se rendra compte que les médecins étaient proches de la retraite et on aura créé un nouveau désert.

C'est pourquoi je suis particulièrement favorable à l'amendement de notre collègue Tamarelle-Verhaeghe et très défavorable à la coercition – je me suis déjà prononcé contre à de très nombreuses reprises.

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