Je remplace la présidente qui a une obligation. Je voudrais poser une question à propos des chefs de projet. C'est une notion particulièrement centrale dans tout ce que vous évoquez. Quelle autorité ont-ils exactement ?
Par exemple, j'ai été en contact avec un haut fonctionnaire qui venait du terrain, qui était un opérationnel au départ, et qui a été désigné chef de projet en administration centrale. Il a été missionné pour proposer une refonte, en l'occurrence des achats des établissements publics qui étaient dans le périmètre de son ministère. Le récit du début de sa mission était édifiant : cet homme a eu le réflexe d'être dans une conduite de changement, c'est-à-dire de commencer par se déplacer et provoquer des réunions sur le terrain avec les acheteurs. Il lui a été contesté, par la hiérarchie de l'administration centrale, le remboursement de ses frais de déplacement. On lui a dit : « Vous n'avez qu'à envoyer des questionnaires, puis vous ferez une circulaire ». C'est un témoignage direct. Il a fallu beaucoup de conviction et de détermination de la part de cet acteur – ils étaient en fait deux – pour conduire cette action. Un chef de projet, où que ce soit, qui n'a pas une autorité transverse et qui se heurte à une certaine culture managériale très verticale, ne va pas pouvoir faire grand-chose, ou cela dépendra uniquement de sa force de conviction et de sa personnalité. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce rôle des chefs de projet et sur l'autorité qu'ils ont ?