Je faisais tout à l'heure le parallèle avec la façon dont l'État s'est organisé pour s'assurer de la bonne mise en oeuvre des lois sous l'angle « prise de textes ». Sous l'angle juridique, objectivement, le travail a été fait. C'est une mécanique qui fonctionne bien.
Nous sommes en train de compléter le dispositif en transformant un peu la manière dont nous suivons la bonne mise en oeuvre des réformes. Il faut que nous quittions le champ purement juridique et que nous soyons sur le champ opérationnel de l'impact des résultats. C'est une construction sur laquelle nous travaillons depuis maintenant plus d'un an et demi, voire deux ans. Nous sommes en train d'inscrire le suivi de la bonne exécution des réformes dans l'ADN de notre organisation. Nous travaillons sur une forme de pérennisation.
C'est la raison pour laquelle nous sommes en train de revoir toutes les organisations de toutes les administrations centrales, ce qui constitue un travail très important. Ce n'est pas uniquement de manière très ponctuelle et très conjoncturelle, afin de mettre en oeuvre un dispositif. Nous voulons revoir le nombre de niveaux hiérarchiques, afin d'avoir des organisations plus plates, avec des chefferies de projet en marge de la hiérarchie. Certaines administrations sont d'ores et déjà engagées dans un profond changement. Notre objectif est qu'en janvier 2020, nous ayons revu toutes les organisations. Il ne s'agit pas d'un aménagement conjoncturel pour répondre à une exigence ponctuelle d'aller plus vite, mais bien de transformer durablement les administrations.
Mais il faut aussi transformer les pratiques, le management et la culture, et pour cela former différemment. Nous avons ouvert le campus de la transformation publique dans cette perspective. C'est un travail d'ampleur que nous devons mener. La fin de l'histoire n'existe pas pour la réforme de l'État. Néanmoins, c'est une étape importante que nous sommes en train de franchir.
Quant à l'anticipation des risques, nous l'avons mise en place et c'est nouveau. Nous nous assurons que les chefs de projet, lorsqu'ils viennent à ces réunions régulières, exposent de manière transparente les difficultés auxquelles ils font face. C'est pour cela que nous les faisons venir, car ce sont eux qui sont en charge et qui doivent interpeller la hiérarchie et les plus hautes autorités à propos des difficultés qu'ils rencontrent. À la différence de l'organisation précédente, nous essayons de mettre en place un principe de responsabilité. Cela crée aussi une incitation et une plus grande transparence, parce que la responsabilité n'est plus diluée entre plusieurs structures administratives, sous-directions ou bureaux.
Par exemple, s'agissant de la rénovation thermique des bâtiments, nous avons maintenant, conjointement entre le ministère de la Transition écologique et le ministère du Logement, une personne qui vient aux réunions et qui porte la responsabilité d'ensemble. C'est le sens de notre engagement : nous travaillons pour une transformation durable aussi des modes de faire. Nous voyons bien que nous avons du retard dans notre mode de fonctionnement. Néanmoins, nous nous y attelons et nous oeuvrons à une transformation en profondeur. C'est pour cela que c'est long et difficile.