Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mardi 10 décembre 2019 à 15h00
Lutte contre le gaspillage et économie circulaire — Article 1er bis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Est-ce ainsi que les hommes vivent, me suis-je demandé dimanche en apprenant la mort de quarante-trois personnes dans une usine de cartables à New Delhi. J'ai pensé à Georges Guérin, fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne, selon qui « la vie d'un jeune travailleur vaut plus que tout l'or du monde ».

Dans le secteur du textile et de l'habillement, des drames humains surviennent tous les jours, en Asie comme en Afrique – puisque la marche du monde est telle que c'est partout à la surface de la terre que l'on cherche ici à produire du coton, à le transformer en fil ailleurs, toujours dans le but d'économiser quelques centimes.

Le coût en est tragique, tant en ce qui concerne la dignité humaine que l'environnement. Les épandages – parfois aériens – de pesticides sur les champs de coton provoquent un nombre incalculable de cancers parmi les travailleurs de la terre, sans parler de leurs conditions de travail. S'y ajoute le drame de la fabrication : l'exploitation des enfants.

L'effondrement du Rana Plaza, le 24 avril 2013 – deuxième catastrophe industrielle après celle de Bhopal – a fait 1 300 morts et 3 000 victimes en tout. Il a entraîné une prise de conscience dans notre pays, accélérant l'adoption de la loi de mars 2017 relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d'ordre, qui tend à faire respecter l'interdiction du travail des enfants, et au-delà les « principes Ruggie », inscrits dans le texte ; elle fait désormais école dans le monde.

Dès lors que le textile produit – le Président de la République l'a rappelé à Biarritz – 10 % des gaz à effet de serre, chiffre qui pourrait progresser de 60 % d'ici à 2030, que ce secteur est à l'origine de plus de 25 % des déchets plastiques dans l'océan et qu'il réclame des quantités d'eau phénoménales, nous ne pouvons pas uniquement nous préoccuper du recyclage de nos vêtements dans nos pays par des filières comme le Relais. Nous devons absolument faire en sorte qu'en amont, la consommation du textile connaisse une évolution aussi vertueuse que celle de l'agroalimentaire. C'est une révolution que nous devons vivre. Les amendements du groupe Socialistes et apparentés visent à permettre aux consommateurs d'entrer dans cette dynamique.

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