Intervention de Clémentine Autain

Réunion du jeudi 26 octobre 2017 à 15h00
Commission élargie : finances - affaires économiques - affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Dans le projet de loi de finance 2017, vous annoncez des crédits stables par rapport à 2017 pour la mission « Action extérieure de la France ». Permettez-moi cependant d'apporter quelques nuances aux déclarations de la majorité.

Pour commencer, ce budget ne prend pas en compte les annulations de crédits annoncées en juillet 2017, comme d'ailleurs d'autres budgets de ce premier exercice de la législature – cela ne marchera peut-être pas toute la vie. On parle pourtant de 165 millions d'euros pour 2017.

De même, en 2018, les dépenses de personnel baisseront de 15,8 millions par rapport à 2017, alors que sur les trente dernières années, le ministère de l'Europe et des affaires étrangères aura perdu 53 % de ses effectifs, dont près d'un tiers en dix ans, ce qui est considérable. Aujourd'hui, le réseau diplomatique français compte seulement 13 791 emplois temps plein pour gérer deux millions de Français établis à l'étranger et des millions de compatriotes de passage. Vous l'avez dit vous-même, monsieur le ministre : on arrive à l'extrême limite. On arrive carrément à l'os de ce que peuvent faire nos salariés, ceux qui représentent la France à l'étranger.

La stabilisation des crédits dont vous nous parlez paraît d'ailleurs être en trompe-l'oeil, car une forte baisse des crédits est prévue en 2019 et elle se poursuivra en 2020 – si on est déjà à la dernière limite, on se demande où on va : moins 176 millions d'euros au total ! Cette baisse de moyens n'est pas en adéquation avec les déclarations du président Macron lors de la semaine des ambassadeurs.

Dès lors, tout est bon pour faire de nouvelles économies, jusqu'à l'idée de colocalisations d'ambassades. Là, on va droit dans un mur, et un mur d'autant plus inquiétant que nous sommes dans un moment politique international instable, avec une montée en puissance des menaces de guerre. Dans un tel contexte, la solution militaire ne peut pas être notre horizon indépassable. Il faut être capable d'investir, et pas seulement de stabiliser, et encore moins de faire reculer nos capacités.

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