En tant que rapporteur de la mission « Aide publique au développement », je me suis interrogé sur la relation entre cette politique, qui a déjà fait l'objet d'une question de Danièle Obono, et l'immigration. Il faut traiter le problème à la racine, mais les recherches effectuées montrent qu'il est plus compliqué qu'il n'y paraît. La fondation Jean Jaurès vient de publier une étude établissant que le renforcement de l'aide publique au développement dans les pays d'origine ne limite pas nécessairement l'immigration.
Je ne veux pas dire qu'il ne faut pas augmenter notre aide au développement – c'est d'abord un devoir de solidarité –, mais la réalité est un peu plus compliquée. Si les différentiels de revenu expliquent l'immigration, réduire la pauvreté dans les pays d'origine ne va pas forcément limiter ce phénomène : cela peut même l'augmenter à court terme. Dans les pays connaissant à la fois la pauvreté, la guerre et l'absence de démocratie, une légère hausse du revenu moyen peut encourager la migration. C'est moins une question qu'une réflexion que je livre à l'ensemble de mes collègues, mais je voudrais avoir votre sentiment sur ce sujet, monsieur le ministre.
Je soutiens l'augmentation du budget de notre aide publique au développement, dont j'espère qu'elle atteindra l'objectif de 0,7 % que la France s'est engagée à respecter, comme toute la communauté internationale. Néanmoins, je le répète, le lien avec l'immigration n'est peut-être pas aussi simple qu'on pourrait le croire, même si la réduction des inégalités entre le Nord et le Sud réduira bien sûr les départs à long terme.