Intervention de Gérard Collomb

Réunion du jeudi 26 octobre 2017 à 21h05
Commission élargie : finances - lois constitutionnelles - défense nationale

Gérard Collomb, ministre d'état, ministre de l'intérieur :

Mesdames et messieurs les députés, le budget soumis ce soir à votre examen est particulièrement important : 13,3 milliards d'euros, soit près de 80 % des crédits dont j'ai la charge.

Vous avez évoqué, madame la présidente, tous les secteurs concernés. La mission « Sécurités » couvre effectivement l'ensemble, extrêmement important, des sécurités des Français : police, gendarmerie, police aux frontières et contrôle des frontières, direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), protection civile, sécurité routière. Dans un contexte particulièrement contraint, les crédits de cette mission augmentent de 1,5 %, et même 1,9 % si l'on met à part les dépenses de personnel. Depuis 2015, les crédits de personnel ont augmenté de 7,3 %, tandis que le budget de fonctionnement et d'investissement des services a progressé, de près de 18 % ; tout à l'heure, je vous montrerai l'évolution de ces crédits depuis une dizaine d'années.

Le message est clair : non seulement nous consolidons les efforts passés, mais nous les accentuons, tout simplement parce que nous pensons que la sécurité est peut-être, après l'emploi, le principal problème pour nos concitoyens. Le Président de la République a donc voulu en faire une priorité, et nous avons les moyens de mener une politique de sécurité particulièrement ambitieuse, qui traduira les engagements pris pendant la campagne présidentielle.

Nous procéderons à 10 000 créations d'emploi au cours du quinquennat pour restaurer les capacités des forces de sécurité, mais, même à la fin du quinquennat, leur format restera en dessous de ce qu'il était avant 2007. Nous avons connu un « creux » relativement important et, ensuite, à partir des attentats, une remontée en puissance, effort que nous poursuivons aujourd'hui. En 2018, nous procéderons ainsi au recrutement d'environ 1 000 policiers, 500 gendarmes, 400 personnels de la DGSI et du renseignement territorial. Nous recruterons 2 500 personnes chaque année en 2019 et 2020, puis 1 500 en 2021 et en 2022. Nous avons décidé de concentrer l'effort en début de quinquennat, non de le répartir de façon homogène tout au long de celui-ci.

Il faut aussi donner aux personnels des moyens dignes de leur action. C'est pourquoi nous avons décidé un effort important en faveur de l'immobilier, à la fois pour la police nationale et la gendarmerie. Peut-être aurez-vous noté un problème : la gendarmerie a aujourd'hui une dette de 102 millions d'euros de loyers. Nous avons commencé cette année même à l'éponger, et nous continuerons en 2018 et ensuite. Pour que les budgets soient sincères, il ne faut pas sans cesse repousser la dette devant soi ; sinon, on en accumule beaucoup en quelque temps. C'est ce qui a été fait au niveau de l'État, pour aboutir à une dette de 2 200 milliards d'euros. Je ne souhaite pas qu'il en aille de même des budgets dont j'ai la responsabilité.

Malgré les difficultés que je viens de rappeler, le budget immobilier de constructions et travaux lourds augmentera de 196 millions d'euros pour la police, soit une hausse de 5,4 % ; des opérations importantes seront lancées en 2018, notamment à Angers, à Béziers, à Cayenne, à Fort-de-France, à Pau et – veuillez m'excuser – à Lyon. Dans la gendarmerie, le plan d'urgence logement sera non seulement « soclé » mais amplifié. Les crédits de réhabilitation du parc domanial atteindront 100 millions d'euros en 2018 et des travaux d'envergure seront notamment lancés à Chaumont, Dijon, Marseille, Melun et Rennes.

Nous avons souhaité déconcentrer un certain nombre de crédits pour donner la main aux préfets ou aux responsables des zones de gendarmerie – on gère mieux « d'en bas » que « d'en haut ». Pour la police nationale, le montant de ces crédits déconcentrés s'élèvera à 45 millions d'euros, contre 19 millions d'euros en 2017 Pour compléter notre action, je déposerai un amendement visant à proroger le régime juridique qui permet aux collectivités locales d'être maîtres d'ouvrage et cofinanceurs de travaux intéressant la sécurité intérieure. Je sais que beaucoup de collectivités locales sont assez d'accord pour financer un certain nombre de travaux visant à offrir des conditions de travail confortables à leurs policiers ou leurs gendarmes.

Nous avons aussi consolidé les moyens des forces de sécurité pour l'équipement, avec 230 millions d'euros de crédits dans les deux forces, soit un niveau équivalent à celui atteint ces deux dernières années, grâce à un certain nombre de plans exceptionnels. J'ai demandé aux directeurs généraux de la police nationale et de la gendarmerie nationale de poursuivre les efforts de renouvellement du parc automobile, au coeur des préoccupations tant des policiers que des gendarmes. Notre but est de tendre vers 3 000 acquisitions par an, pour que l'âge moyen des véhicules du parc n'augmente pas. Le budget prévisionnel est de 136 millions d'euros pour les deux flottes.

De même, nous poursuivrons la politique de numérisation. Pour la gendarmerie, le projet NEOGEND sera achevé à la fin de l'année 2017 ; il permet de déployer 67 000 tablettes. Pour la police, ce sont 28 500 terminaux NEOPOL qui seront mis en service d'ici à la fin de l'année. J'ai demandé que 22 000 tablettes et smartphones supplémentaires soient distribuées dans les trois ans ; 6 millions d'euros de crédits sont consacrés à ce projet dans le budget 2018.

Les moyens nationaux de la sécurité civile sont tout à fait exceptionnels. À la suite des annonces faites pendant l'été, nous allons atteindre 855 millions d'euros d'autorisations d'engagement, en particulier pour financer le renouvellement de notre flotte d'avions bombardiers d'eau.

Quant à la sécurité routière, je répondrai tout à l'heure à un certain nombre de questions. Nous souhaitons engager un certain nombre d'éléments nouveaux

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.