Intervention de Gérard Collomb

Réunion du jeudi 26 octobre 2017 à 21h05
Commission élargie : finances - lois constitutionnelles - défense nationale

Gérard Collomb, ministre d'état, ministre de l'intérieur :

J'évoquais la vidéoprotection parce que je constate que des villes qui réclament une police de sécurité du quotidien n'en sont pas dotées de ce dispositif. Je puis vous assurer qu'il constitue un élément décisif dans la baisse de la délinquance et que nous devons utiliser des moyens convergents : c'est ainsi que nous la réduirons.

À M. Mansour Kamardine, je rappellerai que nous avons renforcé les forces de sécurité présentes à Mayotte. Aujourd'hui, 250 fonctionnaires de la PAF sont présents dans le département, soit 101 de plus en l'espace de deux ans ainsi que 369 gendarmes, soit 42 de plus pour la même période ; par ailleurs, deux escadrons de gendarmes mobiles y stationnent en permanence.

Vous n'êtes pas sans savoir que les problèmes sont difficiles à résoudre ; mais, croyez-moi, c'est l'une de nos principales préoccupations que de nous attacher à résoudre un certain nombre de situations qui ne laissent pas de s'aggraver au fil du temps. Je connais vos difficultés et vous assure que nous tâcherons toujours d'être présents à vos côtés.

Monsieur Coquerel, vous avez évoqué les commissariats de proximité. Ce qui importe, c'est surtout la présence de la police dans les rues. Je ne vais pas parler de Lyon (Sourires.), mais j'ai connu des postes dans lesquels les forces de police passaient leur temps à se protéger des voyous plutôt que d'être présentes sur le terrain. Je préfère qu'il y ait moins de commissariats, mais que les agents soient plus actifs dans la rue. Cela me semble constituer un axe fondamental de la police de sécurité du quotidien.

S'agissant des annulations de crédits, j'ai demandé un exercice car j'ai découvert – en fait je le savais déjà de façon abstraite – qu'il y avait là une manière de gérer propre à l'État : on savait dès le départ qu'un certain nombre de crédits seraient annulés en cours d'année. Un des engagements du Président de la République pour les prochaines années a été de limiter le gel des crédits à 3 %. J'ai reconstitué les chiffres non pas de loi de finances en loi de finances mais de résultat en résultat car c'est bien là que se trouve la véritable description : je pense qu'il faut un examen sur une plus longue période que l'exercice, sinon on est dans des effets d'annonce, qui ne se concrétisent pas forcément sur le terrain, et cela contribue à décrédibiliser notre action.

Madame Moutchou, la représentation nationale a voté la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. La menace reste extrêmement élevée et nous allons donc renforcer nos forces de sécurité, en particulier, de renseignement pour la prévenir.

La question de M. Poulliat rejoint en partie celle de Mme Moutchou tout en étant davantage centrée sur la sécurité de nos moyens de transport, ports et aéroports. Parmi les forces de police que nous allons recruter, un grand effort sera consenti pour la police de l'air et des frontières, car nous savons que les terroristes traversent les frontières.

Madame Karamanli, nous sommes en train de passer un marché pour 5 000 caméras-piétons et nous en avons déjà 2 800 en expérimentation. Le nombre va croître au fil des ans.

M. Ahamada m'a interrogé sur Marseille. Nous avons bien conscience que les difficultés sont grandes dans cette ville mais nous avons tout de même beaucoup progressé ces deux dernières années. Ce sont ainsi quatre-vingt-treize réseaux qui ont été démantelés, 333 personnes écrouées, et plus de 1 200 kilos de cannabis, 180 kilos de cocaïne et soixante-treize kilos de drogues de synthèse saisis. Près de 5 millions d'euros ont été saisis lors des dix premiers mois de cette année, trente-cinq réseaux démantelés et 128 personnes écrouées. Nous sommes préoccupés par ce qui se passe à Marseille mais ce sont des politiques plus globales, rénovation urbaine et mixité, qui peuvent venir à bout de ces difficultés.

Nous allons, Madame Goulet, lancer une grande campagne de recrutement de sapeurs-pompiers volontaires. Je suis prêt à regarder le problème particulier du classement de votre département, mais il faut tenir compte de la difficulté des territoires et le classement repose sur une base démographique.

La cybersécurité, monsieur Marilossian, est un des principaux défis de l'avenir, dans des sociétés de plus en plus connectées. L'ouverture des données pour mieux servir nos concitoyens rend en même temps ces données beaucoup plus exposées, et il faut donc travailler à leur sécurisation. Nos grandes entreprises sont à présent assez sensibles à ce risque mais un certain nombre de start-ups et PME ne comprennent pas bien encore que le piratage des données est susceptible d'anéantir leurs efforts et leurs investissements. C'est pourquoi nous diversifions nos recrutements, en particulier en embauchant beaucoup d'experts de la cybersécurité. La revue de cyberdéfense, entre autres, montre que le Gouvernement prend le problème très au sérieux.

Mme Mauborgne a évoqué les équipes prépositionnées pour les feux de forêt. Dans le Var, dans la journée dont elle a parlé, un départ de feu a eu lieu toutes les dix minutes. Nous avons pu les arrêter grâce à nos avions de gué, sans lesquels bien plus d'hectares de forêt auraient été perdus. Le nombre de morts que produisent, en comparaison, les feux de forêt au Portugal montre que notre dispositif de protection civile est particulièrement performant.

J'espère ne pas agacer M. le président de la commission des finances en faisant part de mon expérience personnelle pour répondre à la question de Mme Osson sur les quads : croyez-moi, le maire d'une grande ville sait que les rodéos sont une des plaies de nos quartiers. En général, quand la police arrive, les gens sont déjà partis. Nous avons donc des systèmes de captage à longue distance, y compris par hélicoptère, pour suivre les quads. Je sais en outre que des propositions de loi visent à permettre une saisie des engins ; nous sommes prêts à les prendre en considération.

Nous pensons pouvoir bénéficier, madame Guévenoud, de 800 emplois de substitution, ce qui nous permettra de faire des économies et de remettre en même temps des personnes sur le terrain, ce qui est indispensable si nous voulons organiser la police de sécurité du quotidien.

M. Bazin m'a interrogé sur le programme 152 et l'immobilier de la gendarmerie nationale. Nous supprimons par paliers la dette accumulée, de manière à ne pas réduire à néant les programmes d'aménagement et de rénovation d'un certain nombre de casernes.

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