Intervention de Sabine Rubin

Séance en hémicycle du jeudi 12 décembre 2019 à 15h00
Politiques publiques contre les moustiques aedes et les maladies vectorielles — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabine Rubin :

Je porte ici la parole de mon collègue Jean-Hugues Ratenon, dont le territoire a été particulièrement touché par les effets du moustique tigre. Mes propos engagent l'ensemble du groupe La France insoumise, mais je tenais à apporter cette précision car, quand je dirai « je », c'est en réalité lui qui parlera.

Je tiens à saluer la proposition de résolution que nous examinons maintenant car une enquête parlementaire est plus que nécessaire. La propagation du moustique tigre sur l'ensemble du territoire français doit nous inquiéter.

À La Réunion, nous connaissons bien ce moustique. En effet, en 2005-2006, nous avons connu la crise du chikungunya, qui toucha un tiers de la population et causa 248 décès. Cette crise sanitaire a été particulièrement puissante et a créé un véritable traumatisme dans la population. La Réunion connaît désormais une épidémie du virus de la dengue. On comptabilise 75 000 cas depuis 2017 – 24 854 cas depuis le 1er janvier 2019 – , 732 hospitalisations, 2 400 passages aux urgences et 20 décès, dont 14 rien qu'en 2019. La presse réunionnaise titre ce matin : « 2020 sera pire ». Un deuxième type de virus est apparu.

Je suis déjà intervenu à de nombreuses reprises. Les foyers épidémiques se maintiennent durant l'hiver, ce qui est exceptionnel – nous n'avions pas constaté ce phénomène par le passé. J'ai déjà alerté sur cette situation : la baisse de financement des collectivités et la suppression des contrats aidés ont entraîné une baisse de la capacité de lutte physique contre les moustiques tigres à La Réunion ; c'est ce qui a conduit à l'épidémie que nous connaissons à l'heure actuelle.

Le constat est inquiétant : dans la moitié des départements français, sont présents des moustiques tigres. Cela signifie que l'État est non seulement incapable d'enrayer une épidémie limitée aux territoires ultramarins mais également incapable d'en empêcher la propagation.

Alors que les moustiques tigres semblent désormais installés durablement en France hexagonale et que le dérèglement climatique fait régulièrement grimper la température, la survenue d'une forte épidémie de maladie vectorielle est un risque important pour nos concitoyens de l'Hexagone.

Il est donc extrêmement important et urgent de se poser certaines questions : comment en est-on arrivé à une telle propagation du moustique tigre partout en France ? comment a-t-on pu en arriver à de telles épidémies en outre-mer ? quels moyens de lutte sont les plus adaptés, étant donné la toxicité avérée des produits chimiques utilisés dans la lutte antivectorielle ? Quels moyens financiers et humains seront nécessaires à l'éradication des épidémies actuelles et à la prévention des épidémies futures ?

J'espère que la commission d'enquête pourra notamment répondre à ces questions parce que, rappelons-le, le moustique tigre a déjà tué.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.