En CMP, j'ai fait le constat que, sur de nombreux sujets, la navette parlementaire a permis d'enrichir opportunément le PLF. Je vous proposerai en nouvelle lecture, au nom de la commission des finances, de maintenir près de 90 articles tels qu'ils ont été adoptés par le Sénat.
Toutefois, la CMP n'a pu aboutir en raison de divergences majeures qui ont rendu définitivement irréconciliables les deux versions du PLF respectivement adoptées par les deux chambres.
J'ai ainsi relevé plusieurs points d'achoppement.
À l'article 2, le Sénat a relevé le plafond du quotient familial à 1 750 euros, ce qui dégraderait sensiblement le solde budgétaire.
À l'article 4, la réforme du CITE – le crédit d'impôt pour la transition énergétique – décidée par l'Assemblée a été substantiellement modifiée, le Sénat ayant par exemple réintroduit l'éligibilité des ménages aisés, au rebours de l'objectif initial de recentrer le dispositif sur les ménages modestes.
À l'article 5, le Sénat, à travers pas moins de quarante-deux amendements, a substantiellement modifié l'économie de la réforme de la fiscalité locale. Sur ce sujet, la difficulté majeure que j'ai pu identifier est le report d'un an de la réforme, mais il faut également mentionner l'augmentation du montant de la compensation à verser aux collectivités territoriales du fait de la suppression de la TH – la taxe d'habitation – , très au-delà d'une compensation raisonnable à l'euro près.
L'article 47 E substitue à l'impôt sur la fortune immobilière un « impôt sur la fortune improductive », ce qui, nonobstant le maintien de l'acronyme, constitue une originalité intéressante sur le plan fiscal.
Enfin, le Sénat, je l'ai dit, a réduit le déficit de 53 milliards d'euros puisque les crédits de cinq missions – notamment celles relatives à l'agriculture et à l'écologie – ont été rejetés dans leur intégralité.
Des dissensus de cette ampleur, dont je n'ai au demeurant donné que quelques exemples, interdisaient un accord. La CMP a donc logiquement échoué, et la commission des finances a remis l'ouvrage sur le métier vendredi dernier. Je lui ai proposé d'adopter près de 280 amendements, en conservant l'esprit ouvert lorsque cela me semblait opportun : la rédaction de trente-six articles conserve certains des apports du Sénat. En revanche, la commission propose de rétablir purement et simplement quarante-quatre articles dans la version de l'Assemblée et de supprimer cent articles créés par le Sénat.
Le sens de ces amendements est aussi de rétablir les équilibres budgétaires que nous avons adoptés en première lecture. En effet, à l'issue de l'examen de la première partie du PLF, le Sénat a dégradé le solde budgétaire de 1,5 milliard d'euros, portant le déficit de l'État à près de 95 milliards d'euros en 2020, contre 93,3 milliards à l'issue du vote de l'Assemblée nationale.
En seconde partie, le Sénat, comme je l'ai souligné, a supprimé 53 milliards d'euros de crédits budgétaires, si bien que le déficit de l'État s'établit, dans le texte qui nous est soumis aujourd'hui, à seulement 42 milliards d'euros, et le solde public, toutes administrations publiques confondues, est pratiquement à l'équilibre, à moins 0,1 point de PIB. Les amendements de la commission des finances et du Gouvernement tendant à réintroduire les crédits supprimés permettront de rétablir, en seconde délibération, l'article liminaire et l'article d'équilibre à des niveaux très proches de ceux que nous avions votés le 19 novembre dernier.
J'en termine là, n'utilisant que la moitié de mes dix minutes de temps de parole : c'est, je pense, le meilleur cadeau de Noël que je puisse vous faire.