Monsieur Pierre Dubreuil, si les parlementaires valident votre nomination aux fonctions de directeur général de l'Office français de la biodiversité, vous arriverez aux responsabilités dans un contexte particulièrement complexe. Vous l'avez dit, l'érosion de la biodiversité et les pressions croissantes qui pèsent sur tous les milieux naturels, au premier rang desquels les changements climatiques, sont une réalité scientifique. Vous allez surtout prendre vos fonctions dans une année déterminante pour la biodiversité, avec le Congrès mondial de la nature en juin 2020 où les parlementaires seront certainement présents, suivi à l'automne de la COP15 de la convention sur la diversité biologique à Kunming, en Chine. Quelle est votre vision de ce nouvel établissement face à l'ampleur de la tâche ? Quelle vision le futur Office devrait-il lui-même porter face au triste bilan futur de la France face aux objectifs d'Aichi ?
La création de l'OFB doit en effet permettre de faire face au double défi de la protection de la biodiversité et des ressources en eau tout en sauvegardant l'équilibre subtil que l'homme doit entretenir avec son environnement, lui permettant d'en récolter les fruits sans nuire aux besoins des générations futures.
Votre future tâche est donc d'une ampleur sans précédent, d'autant que vous présiderez la structuration d'un nouvel office dont il est nécessaire de sécuriser, pour le 1er janvier 2020, à la fois le financement, les ressources humaines ainsi que les questions foncières et logistiques. Comment avez-vous et allez-vous encore travailler pour réussir en si peu de temps le mariage de l'AFB et de l'ONCFS, chacune de vos missions – connaissance, appui aux politiques publiques, police, etc. – étant interdépendantes des autres ?
Comment maintiendrez-vous l'animation, au plus près du terrain, d'une culture commune, l'AFB étant elle-même le fruit d'une union récente ? Cela se fera-t-il par des objectifs partagés et communs ou par des comités de suivi ? Comment comptez-vous faire face à tous ces défis après l'adoption d'un budget 2020, qui certes augmente les dotations de l'OFB mais entérine la suppression d'équivalents temps plein (ETP) au sein de ces structures réunies à partir de 2021 ?
Dans ce contexte contraint, vous avez très certainement des priorités en matière de soutien des politiques publiques. Pouvez-vous rapidement nous les présenter pour 2020 ? À ce titre, quelle place accorderez-vous aux solutions fondées sur la nature dans votre stratégie ? Ces solutions consistent à protéger, à gérer durablement et à restaurer les écosystèmes naturels pour faire face aux changements sociétaux – climatiques, sécurité alimentaire, pollution de l'eau – tout en assurant le bien-être des populations et en soutenant la biodiversité.
Comment comptez-vous mettre en oeuvre, à partir du 1er janvier 2020, le fichier national du permis de chasser, géré conjointement par l'OFB et la Fédération nationale des chasseurs ? Quelles mesures ont été prises à ce jour afin de préparer cette mise en oeuvre ?
Le ministère de la transition écologique et solidaire soumet à la consultation du public, jusqu'au 26 décembre prochain, un projet de décret qui précise les procédures relatives à la mise en oeuvre de la gestion adaptative des espèces, et un second décret doit fixer la liste des espèces concernées par la gestion adaptative. Comment voyez-vous concrètement la future application sur le terrain de la gestion adaptative, alors que le concept tel qu'il est prévu aujourd'hui est déjà contesté par des associations environnementales ? Comment sera assurée la remontée d'informations à l'OFB concernant les prélèvements sur les espèces soumises à gestion adaptative ?
Je vous remercie pour vos réponses à ces nombreuses questions. Je souhaite vivement, comme vous, que, pour la biodiversité, rien ne soit plus comme avant.